L A bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) associe à divers degrés une bronchite chronique, une hyperréactivité bronchique et un emphysème.
Le tabagisme reste toujours le premier facteur de risque de cette pathologie : il est en effet présent chez plus de 80 % des patients. Les symptômes sont particulièrement invalidants, associant dyspnée d'effort puis de repos et toux chronique avec expectoration quotidienne. La dyspnée confine progressivement les patients au domicile, voire au fauteuil.
Cette maladie est de diagnostic tardif car la toux et l'expectoration sont rattachées à la poursuite de l'intoxication tabagique et la dyspnée occultée par la limitation volontaire de l'autonomie amenant les patients à consulter tardivement.
Le déconditionnement majore les signes
Pourtant des solutions existent pour améliorer le confort de vie, voire rendre une certaine autonomie à ces patients, même si une oxygénothérapie continue est nécessaire.
Les structures de réhabilitation respiratoire permettent de replacer le patient dans sa globalité : le déconditionnement lié à l'insuffisance respiratoire majore les signes de la maladie respiratoire en favorisant l'amyotrophie, le repli social, la peur de l'effort, générant de l'anxiété, voire une dépression.
Choc, déni, révolte, dépression, acceptation
En effet, l'annonce d'une maladie chronique comme l'insuffisance respiratoire nécessite un travail psychologique du patient et de son médecin.
L'acceptation d'une telle pathologie passe par différentes phases psychologiques formant le processus de deuil. Après le choc, le déni, la révolte puis la dépression et enfin l'acceptation de la maladie. Il est alors temps, tout en poursuivant une psychothérapie de soutien, d'initier un processus progressif allant jusqu'à la reprise de l'activité, démarche qui peut s'intégrer dans une structure de réhabilitation respiratoire. En devenant acteur de cette démarche, le patient verra augmenter ses performances physiques, sociales, son autonomie et même son observance thérapeutique.
La réhabilitation respiratoire nécessite une éducation thérapeutique spécifique :
- l'apprentissage de techniques de kinésithérapie respiratoire, afin d'améliorer les efforts de toux et ainsi le drainage bronchique ;
- l'apprentissage des signes de décompensation respiratoire, des principes thérapeutiques, différenciant le traitement des épisodes d'infection aiguë du traitement de fond.
Réentraînement à l'effort
Le réentraînement à l'effort doit être adapté à l'âge, à la condition physique et à la pathologie. L'intensité de l'activité physique doit être corrélée au seuil dit
de dyspnée, correspondant au seuil d'effort à partir duquel ce dernier devient insupportable. Cette dyspnée est réactionnelle à l'excès de production d'acide lactique. Il convient alors de proposer une activité physique adaptée, c'est-à-dire à la limite du seuil de dyspnée. C'est uniquement à ce niveau qu'on obtiendra une amélioration progressive de l'état physique du patient. Cet entraînement devra avoir lieu trois fois par semaine pendant 30 à 45 minutes pendant trois à quatre semaines. Cette prise en charge n'est actuellement réalisable dans les faits qu'en hospitalisation. Cependant, des structures de prise en charge dites en externe voient le jour.
Il est clairement prouvé qu'une telle prise en charge améliore la force musculaire des patients, leur tolérance à l'effort, diminue la dyspnée et augmente ainsi la qualité de vie, du fait du développement des activités quotidiennes.
Cependant, à moyen terme, il convient de tenter de maintenir les acquis par une autonomisation du patient qui peut passer par la pratique de la marche en définissant les objectifs à atteindre.
Si aucune intervention pour réhabiliter ses patients n'est réalisée, sans activité physique, une aggravation inéluctable de leur état va survenir.
Dans ce contexte d'insuffisance respiratoire chronique, il faut donc définir un projet pour ces patients persuadés de n'avoir aucun avenir. En donnant des années à la vie, nous donnerons ainsi de la vie à leurs années.
D'après la présentation du Dr J.-M. Grosbois dans le cadre du symposium organisé en partenariat avec le groupe Vitalaire Nord, lors des Journées Jacques-Jaillard (Lille).
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