La 35e Conférence de l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (communément appelé Union), qui s'est déroulée à Paris du 28 octobre au 1er novembre, avait pour but de faire le bilan de l'initiative OMD (Objectifs du millénaire) fixés par l'OMS en ce qui concerne la santé respiratoire.
L'organisation, impliquée depuis des décennies dans la lutte contre la tuberculose, souhaite aujourd'hui aller plus loin. Au cours des dix dernières années, quelque 10 millions de patients tuberculeux de 155 pays ont été traités dans le cadre de la stratégie DOTS, sur le modèle mis au point par l'ancien directeur des activités scientifiques de l'Union, le Dr Karel Styblo, et aujourd'hui adopté par l'OMS et la Banque mondiale.
Cependant, les objectifs fixés en mars 2000 par le partenariat Halte à la tuberculose - taux de détection par frottis des nouveaux cas positifs de 70 % et taux de guérison possible de 85 % - sont loin d'être atteints. Selon les prévisions de l'Union, « si la tendance actuelle se maintient, il y aura 10,2 millions de nouveaux cas en 2005 ».
Avec la pauvreté ou l'apparition des multirésistances aux antibiotiques, l'infection par le VIH/sida figure en bonne place parmi les facteurs d'exacerbation de la crise. « Les deux épidémies sont inextricablement liées », rappelle le Dr Paula Fujiwara (France, représentante de l'Union). Tuberculose et infection par le VIH s'alimentent l'une l'autre et affectent les mêmes communautés. Près d'un tiers des personnes infectées par le VIH développeront tôt ou tard une tuberculose. Les effets conjugués des deux épidémies surchargent les systèmes de soins. « La tragédie, c'est que, même dans certains pays d'Afrique où les programmes de lutte contre la tuberculose fonctionnent, les taux de tuberculose ont augmenté de façon dramatique après l'apparition du VIH. Pis encore, en Ouganda, où les taux de VIH ont chuté, les taux d'incidence de la la tuberculose continuent de grimper. »
Des facteurs indispensables
L'accès aux antirétroviraux est bien sûr une des priorités de la lutte contre les deux épidémies, mais, comme le fait observer le Dr Alex Couthino (Ouganda), s'appuyant sur l'exemple de son pays, beaucoup d'autres facteurs sont indispensables : « Le développement des infrastructures (soins et laboratoires), la lutte contre la discrimination, la formation de tous les personnels soignants et non soignants, le conseil et le suivi des patients au sein même des communautés. »
Pour mettre en œuvre la stratégie DOTS contre la tuberculose et l'intégrer aux stratégies d'accès aux ARV, « l'Union s'est vu accorder, il y a quelques semaines, un peu plus de 3 millions de dollars par l'Agence des Etats-Unis pour le développement », annonce le Dr Fujiwara.
Cet effort s'ajoute à celui du Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dont le conseil d'administration, réuni les 15 et 16 octobre, vient d'approuver 70 nouveaux projets dans 50 pays pour une somme de 623 millions de dollars sur deux ans. « Cela porte la contribution du fonds à plus de 1,5 milliard de dollars sur cinq ans après les trois premiers appels à projets. L'objectif est de traiter 500 000 patients d'ici à 2005 », fait observer le Pr Michel Kazatchkine. Sur les 620 millions alloués, 58 % concernent le VIH, 11 % la tuberculose, 4 % iront à des projets VIH et tuberculose.
« L'objectif fixé par l'OMS de 3 millions de personnes traitées par antirétroviraux à la fin de 2005 semble très ambitieux, mais il peut contribuer à mieux coordonner tous les efforts », conclut le Pr Kazatchkine, en rappelant lui aussi que les projets soutenus par le fonds sont des projets globaux qui unissent à la fois l'aspect préventif et l'aspect thérapeutique. Les ARV ne sont pas tout, même s'ils préviennent les infections opportunistes.
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