POUR SA VENUE au salon du MEDEC, où il a été accueilli par les Drs Gérard Kouchner et Philippe Leduc*, Xavier Bertrand avait choisi d’axer son intervention sur l’état de préparation de la France face à la menace de la grippe aviaire. Dans un grand amphithéâtre bondé de médecins, le ministre de la Santé a fait un point complet de la situation. En commençant par préciser que la mission d’évaluation du système français de veille sanitaire qu’il a décidé de mettre en place (« le Quotidien »du 8 mars) serait confiée au Pr Jean-François Girard, directeur général de la Santé entre 1986 et 1997.
Répondant à ceux qui estiment que le gouvernement en fait un peu trop en matière de communication sur la grippe aviaire, le ministre a assuré qu’il fallait communiquer sur ce sujet et «informer sans affoler. Le plan français de lutte a vocation à s’améliorer en permanence, il est indispensable d’informer sur ce sujet».
Sur les moyens de lutte directs contre la pandémie, Xavier Bertrand a indiqué que les stocks actuels de masques détenus par le ministère de la Santé s’élevaient à plus de 270 millions d’unités, et que d’autres ministères constituaient également des stocks. Quant aux antiviraux comme le Tamiflu ou le Relenza, 14 millions de traitements sont à ce jour disponibles. Le ministère a passé des commandes pour porter ce stock à 33 millions de traitements, mais il n’a pas donné de date précise sur la disponibilité de ces traitements supplémentaires. Pour les vaccins, on dispose actuellement de 2,4 millions de doses de la version prépandémique. En cas de pandémie qui démarrerait en Asie du Sud-Est, le ministre espère avoir le temps de disposer d’au moins 40 millions de vaccins de type pandémique tout en gardant pour objectif une dose pour tous les résidents en France.
D’ici à quelques semaines, tous les professionnels de santé recevront gratuitement un ou plusieurs masques de type FFP2, de manière à ce qu’ils puissent s’accoutumer à son maniement. De la même manière, et avant la fin du mois d’avril, ces 300 000 professionnels de santé recevront un « kit de formation » destiné à leur fournir un argumentaire pour répondre aux questions des patients. Composé notamment d’un CD, ce kit est en phase finale de réalisation mais n’a pas encore été validé.
Une suspension du dispositif du médecin traitant ?
Plus généralement, le ministre a tenu à exposer l’état de ses réflexions sur l’organisation des soins en cas d’irruption de la pandémie : après avoir réfléchi à l’hypothèse de confier aux médecins les stocks d’antiviraux, le ministre a indiqué qu’il avait préféré utiliser le réseau habituel de grossistes, car il considère que les cabinets médicaux ne sont pas suffisamment sécurisés pour stocker ces médicaments, qui risqueraient d’attirer les convoitises en cas de pandémie. De la même manière, le ministre s’est demandé si, toujours en cas de pandémie, il ne conviendrait pas de suspendre provisoirement le dispositif du médecin traitant. Il a précisé que, dans cette hypothèse pandémique, il conviendrait d’élargir la délégation des tâches aux infirmiers. Le ministre s’interroge aussi sur l’opportunité de mettre en place une prise en charge des enfants des professionnels de santé durant la pandémie. Il ne sait pas si, durant cette période, les professionnels doivent ou non rentrer chez eux le soir.
Le ministre réfléchit sur l’utilité de fournir éventuellement des véhicules avec chauffeur et des indemnités aux professionnels de santé. Enfin, Xavier Bertrand a émis le voeu que les professionnels de santé fassent taire leurs légitimes polémiques durant un éventuel épisode pandémique.
* Respectivement président de CMPMedica France, éditeur du « Quotidien » et organisateur du MEDEC, et directeur du pôle Presse et Editions de CMPMedica France.
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