QUELLE INCIDENCE le parcours de soins a-t-il sur l’activité des médecins spécialistes ? Les résultats de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam) sur les honoraires remboursés par spécialité entre janvier et novembre 2005 permettent de répondre en partie à la question (« le Quotidien » du 16 janvier). Les médecins généralistes sont présentés comme les grands gagnants du parcours de soins – leurs honoraires ont augmenté de 4,5 % en un an. Plusieurs spécialités ont également bénéficié d’un accroissement de revenus comme la pédiatrie (+ 4,4 %), la psychiatrie (+ 2,1 %) et la pneumologie (+ 1,4 %).
En revanche, les dermatologues (– 3,5 %), ORL (– 3,2 %), cardiologues (– 2,2 %) et rhumatologues (– 1,3 %) ont enregistré une baisse de leurs recettes non compensée par les revalorisations en 2005, même si l’assurance-maladie affirme observer un «rebond» de leur activité au dernier trimestre. «Ces chiffres ne traduisent pas la réalité, déplore le Dr Gérard Rousselet, président du Syndicat national français des dermato-vénéréologues (Sndv). Ils prennent en compte l’intégralité de l’année 2005 et minorent la baisse d’activité enregistrée depuis l’instauration du parcours de soins en juillet.Au second semestre, les baisses de revenus sont bien plus importantes que les chiffres évoqués.» Selon le Dr Rousselet, les honoraires des dermatologues ont chuté de 8 à 10 % sur les six derniers mois.
Fréquentation en « chute libre ».
Le Dr Christian Avierinos, président du Syndicat des médecins français spécialistes des maladies du c?ur et des vaisseaux, estime également que les résultats de l’assurance-maladie sont une «moyenne minorée».
«Nous avons mené une enquête à laquelle ont répondu un millier de cardiologues libéraux. Depuis la mise en place du parcours de soins, 20% d’entre eux ont constaté une hausse de moins de 5% de leur activité, 20% ont vu leur activité stagner, le reste enregistre des baisses de 5 à 10% en 2005.» L’étude montre que l’activité a baissé de façon significative dans les régions à forte densité médicale. Dermatologues, cardiologues, rhumatologues et ORL craignent une chute durable des honoraires. Ils redoutent particulièrement la baisse de 10 % du ticket modérateur instaurée le 1er janvier 2006 pour les patients qui ne respecteront pas le parcours de soins. «Je suis très inquiet car la fréquentation de certains cabinets dans les grandes agglomérations est en chute libre, explique le Dr Rousselet. Dans ces villes, les dermatologues étaient auparavant directement consultés par les patients. Ces confrères n’avaient que très peu de rapports avec les médecins généralistes de leurs alentours.»
«Le pire est à venir, redoute le Dr Jean-Philippe Sanchez, président du Syndicat national des médecins rhumatologues (Snmr). La communication des caisses auprès des patients est telle que ces derniers croient qu’il est obligatoire de passer par leur médecin traitant avant de nous consulter.» Les cardiologues appréhendent l’entrée en vigueur de la franchise de 18 euros sur les actes lourds. Elle doit s’appliquer aux échographies, actes de base de la spécialité. «Nous redoutons que les patients qui doivent faire l’avance de frais ne soient freinés dans l’accès aux cardiologues», explique le Dr Avierinos.
Selon les responsables des trois syndicats interrogés, la baisse d’activité ne serait pas entièrement compensée par les dépassements autorisés par la convention. «Les spécialistes de secteurI ont obtenu le droit d’effectuer des dépassements dans un cadre limité, mais ils n’osent pas les appliquer. Ils ont l’impression que les patients viendront moins si on leur demande plus cher», confie le Dr Rousselet.
L’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam) et les syndicats médicaux signataires de la convention (Csmf, SML et Alliance) ont promis des mesures correctives pour les disciplines mises en difficulté par le parcours de soins. Les dermatologues souhaitent la mise en place d’un coefficient de la majoration de coordination applicable à la dermatologie ou la possibilité d’associer à la consultation un acte diagnostique (biopsie ou dermoscopie). Les rhumatologues demandent que l’accès aux spécialistes des patients en affection de longue durée (ALD) soit facilité dans le cadre du parcours de soins ainsi qu’une consultation spécifique annuelle cotée C2 pour les patients en ALD. Les cardiologues souhaitent, pour leur part, que les augmentations des majorations de coordination prévues dans le cadre de la convention soient appliquées. Ils réclament par ailleurs une revalorisation du facteur de conversion monétaire qui permet d’établir le coût des actes dans la nouvelle classification commune des actes médicaux (Ccam).
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