DEPUIS SON INAUGURATION (« le Quotidien » du 19 décembre 2005), ce prototype d'une nouvelle coopération médicale entre la France et l'Afrique, construit au centre du Sénégal, à dix heures de route de Dakar, loin de toute structure hospitalière, a déjà fait ses preuves. L'an dernier, 4 000 actes y ont été dispensés. Dans ce secteur totalement déshérité de Tambacounda, où la mortalité materno-infantile, les anémies, le paludisme et aussi le sida font des ravages, la vingtaine de consultants et d'infirmières exercent avec des équipements comparables à ceux d'une infrastructure en zone urbaine : pavillon de médecine, pharmacie, laboratoire, maternité, salle d'accouchement, cabinet dentaire et OPH-ORL, salle de petite chirurgie sous anesthésie locorégionale, salle de réveil.
En l'absence de tout réseau, ce sont les panneaux solaires et les groupes électrogènes qui produisent l'électricité, un puits de 250 m alimentant en eau potable.
Doubler l'activité médicale dès cette année.
Pour le Dr Patrick Dewavrin, psychiatre parisien, responsable de l'association Le Kinkeliba, qui supervise le fonctionnement de la maison médicale, il faut maintenant passer à la vitesse supérieure. «Sous la houlette de notre nouveau médecin-chef, le DrCheik Tidié Gueye, nous ambitionnons de doubler cette année notre activité, annonce-t-il. C'est pourquoi nous lançons un appel pressant pour recruter plusieurs spécialistes.»
Exerçant dans six disciplines (cardiologie, ophtalmologie, gastro-entérologie, pédiatrie, ORL, rhumatologie), ils sont appelés à devenir les correspondants des praticiens de Wassadou, disponibles tout au long de l'année pour les renseigner selon les cas rencontrés, par mails ou par fax. Une hot-line de FMC franco-africaine, en quelque sorte.
Dans un premier temps, ces médecins effectueront un séjour d'une semaine insitu. L'occasion pour eux d'assurer quelques consultations, mais surtout de dispenser un enseignement aux médecins et infirmiers locaux, les health officers de Wassadou. Et, bien sûr, note le Dr Dewavrin, la médecine de brousse ayant ses spécificités, comme la santé publique au Sénégal, des briefings seront assurés préalablement par des professeurs de la faculté de Dakar. Point n'est donc besoin de disposer d'une expérience préalable. « L'africanisation » sera assurée par Le Kinkeliba. «Les confrères que nous recherchons peuvent venir de tous horizons, dès lors qu'ils ont en partage le souci de l'humanité et du développement médical durable, précise le psychiatre . Avec leur collaboration, nous espérons poursuivre l'aventure de Wassadou en la diversifiant: en particulier, nous voudrions effectuer des tournées à bord de taxis brousse, pour aller au devant des populations peules et mandingues disséminées dans des villages isolés.» Bien qu'inaugurée officiellement par le président sénégalais Abdoulaye Wade et le ministre français des Affaires étrangères, à l'époque Philippe Douste-Blazy, la maison médicale fonctionne sur des budgets privés, grâce surtout à la fondation Pierre Fabre et à son zélé et talentueux directeur général, Philippe Bernagou. Les patients supportent pour leur part un tarif de 1 000 F CFA (environ 1,50 euro). Un système mutualiste semblable à celui déjà mis au point par Le Kinkeliba dans son autre implantation sénégalaise, à Synthian, reste à l'étude. Mais la priorité actuelle, pour l'association fondée par le Dr Gilles Degois, c'est l'implication de ces spécialistes référents, pour relever le défi original de cette expérience de coopération.
Contacts : Patrick Dewavrin, 06.32.44.13.95, patrickdewavrin@wanadoo.fr.
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