POURRAIT-ON dès lors envisager un jour une forme de reproduction sans participation féminine ? Certainement pas, car, si les deux gamètes ont pu être obtenus de souris mâles, il a bien fallu que l’œuf fécondé soit implanté dans un utérus pour la gestation.
Au-delà de la prouesse technique quel peut être l’intérêt d’une telle avancée. L’équipe de Richard R. Behringer y voit des implications éventuelles chez l’humain et chez l’animal. En médecine, dans le cadre de l’aide à la procréation ; dans certaines infertilités associées à une anomalie chromosomique, comme le syndrome de Turner. En élevage, pour sélectionner des lignées. Enfin, il y aurait là un moyen de préserver des espèces animales en voie d’extinction. « Si tout cela devient possible, ajoutent-ils. Un jour, deux hommes pourraient concevoir leurs propres fils et filles génétiques. »
Le parcours biologique pour obtenir le résultat escompté apparaît tortueux. L’équipe a tout d’abord dédifférencié des fibroblastes du « père 1 » en iPS. Partant de ce qu’ils avaient constaté sur les cellules souches embryonnaires, ils ont isolé un sous-clone d’iPS (environ 1 %) porteuses, non pas du caryotype normal XY, mais d’un X uniquement. Ces cellules, dites X0, sont de fait féminines. Chez l’humain, un embryon avec un tel caryotype n’est en général pas viable, en cas de survie, la fillette est atteinte du syndrome de Turner.
L’étape suivante a consisté à provoquer la différenciation de ces iPS X0 en ovocytes. Notamment, au cours de l’ovogénèse, ces cellules ont subi une méiose. À cette étape, les auteurs considèrent la persistance de l’empreinte génétique « maternelle » comme un élément clé du succès. Les ovocytes ont ensuite été fécondés par des spermatozoïdes issus du « père 2 ». C’est ainsi que les Texans ont obtenu 27 souriceaux mâles et femelles.
« Biology of Reproduction », doi :10.1095/biolreprod.110.088831.
lequotidiendumedecin.fr, le 10/12/2010
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