L'ENTEROVIRUS 71 (EV71, il existe plus de 90 sérotypes) est à l'origine du syndrome pied, main, bouche, qui est associé à une encéphalite et qui a sévi dans différents pays (Bulgarie en 1975, Hongrie en 1978, Malaisie en 1997…). Pendant les épidémies à virus EV71, les patients présentant une défaillance cardio-respiratoire sont à risque élevé de décès. Des programmes de prise en charge ont été développés pour améliorer la survie. Cela a réduit le taux de mortalité aiguë, mais les risques de séquelles à long terme demeurent. Les conséquences neurologiques et psychiatriques de cette infection virale ne sont pas bien connues.
Les études sur d'autres encéphalopathies virales ou méningites bactériennes ont montré que le développement neurologique et les fonctions cognitives peuvent être altérés. On peut s'attendre à des déficits auditifs, intellectuels, à des troubles du comportement (ce qui a été montré dans le cas d'encéphalite herpétique ou d'encéphalite japonaise). Comme l'une des causes les plus importantes des encéphalites virales est le virus EV71, il est important de déterminer quelles en sont les conséquences.
142 enfants ayant eu une infection par entérovirus EV71.
Luan-yin Chang et coll. (Taïwan) ont mené une étude de suivi longitudinal chez 142 enfants ayant présenté une infection par entérovirus EV71 associée à une atteinte du système nerveux central. Dans ce groupe, on compte 61 enfants atteints d'une méningite septique, 53 avec une atteinte sévère du SNC et 28 qui ont présenté une défaillance cardio-respiratoire, consécutive à une atteinte du SNC. Neuf jeunes patients ont souffert d'un syndrome poliomyélitique-like et 5 d'une encéphalomyélite. L'étude a consisté à soumettre les enfants à des examens physiques et neurologiques au bout de presque trois ans (2,9 ans en moyenne), après l'attaque infectieuse par le EV71.
Des tests d'évaluation du développement mental et intellectuel ont été appliqués ; le test de DDSTII (Denver Developmental Screening Test) chez les enfants âgés de moins de 6 ans et le test d'intelligence de Wechsler pour les plus de 4 ans.
Les résultats montrent que 9 des 16 enfants (56 %) ayant eu un syndrome poliomyélite-like et un parmi les 5 (20 %) ayant eu une encéphalomyélite ont gardé des séquelles, sous la forme d'atrophie ou de faiblesse des muscles des membres inférieurs. Par ailleurs, 18 des 28 enfants (64 %) ayant eu une défaillance cardio-respiratoire après une atteinte du SNC ont présenté les mêmes types de séquelles (atrophies musculaires et faiblesses des membres inférieurs). Tandis que 17 de ces enfants (61 %) ont dû être nourris par sonde entérale et 16 (57 %) ont eu besoin d'une assistance respiratoire.
Retard observé chez 21 des 28 patients.
En se fondant sur les tests psychométriques, on observe un retard au développement mental chez 1 des 20 patients (5 %) du groupe ayant eu une atteinte sévère du système nerveux central, ce qui est une fréquence non significative. En revanche, ce retard est observé chez 21 des 28 patients (75 %) du groupe des défaillances cardio-respiratoires (p < 0,001). Ce sont les enfants ayant souffert d'une défaillance cardio-respiratoire consécutive à une atteinte du SNC qui ont eu les scores les plus défavorables, donc les atteintes du développement cognitif et mental les plus sévères. Y compris quand on les compare aux enfants ayant eu une atteinte isolée du SNC. Au moment de l'étude, 47 des 142 enfants étaient scolarisés. Parmi ces enfants, on en comptait 6 (13 %) souffrant d'un déficit de l'attention-hyperactivité. L'un d'entre eux présentait de plus un comportement agressif.
« New England Journal Of Medicine », 356 ; 12, pp. 1226-1234 et commentaires pp. 1204-1205.
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