Vos malades ont lu
Pourquoi la médecine peine-t-elle tant à soulager les migraineux ? Dans « la Recherche », Peter J. Goadsby, professeur à l'Institut de neurologie de Londres, avance une hypothèse étonnante. Et si l'on considérait la migraine comme un trouble des mécanismes d'attention aux sensations qui parviennent au cerveau ? « Une théorie qui explique que la douleur ne peut pas rendre compte d'une pathologie caractérisée par des altérations pratiquement pansensorielles, puisqu'elles concernent la douleur, les sons, la lumière et les odeurs », explique-t-il. Il existerait un mécanisme grâce auquel le cerveau synchronise les stimulations sensorielles qu'il reçoit, afin de réduire le « bruit de fond » des différents signaux qui lui parviennent. Ce mécanisme est d'autant plus efficace que le sujet est attentif à la stimulation.
Chez le migraineux, ce mécanisme serait défectueux. Même si l'environnement lumineux ou sonore reste le même, il y a une hypersynchronie qui provoque une hypersensibilité à la lumière (photophobie) ou au son (phonophobie). C'est comme si « les sons, les odeurs ou même les sensations de mouvement de tête se mettent à crier ». Même chose pour la douleur pulsatile. Le migraineux perçoit de façon douloureuse le battement du sang de ses propres vaisseaux intracrâniens. Des arguments cliniques ou expérimentaux semblent étayer l'hypothèse d'un tel dysfonctionnement dont l'origine se situerait plutôt dans le thalamus. De même, elle rendrait compte de cette phrase mystérieuse d'André Gide : « De nouveau l'esprit disjoint, disloqué, mon organisme tout entier est comme ces maisons trop sonores où du grenier l'on entend tout ce qui se fabrique dans la cuisine. »
Cancer chez les dinosaures
« Science & Vie junior », décembre
Le cancer ou les cancers, fléau de notre modernité ? Pas vraiment, répond « Science & Vie junior ». La maladie existerait depuis des dizaines de millions d'années... chez les dinosaures. Le radiologue américain Bruce Rothschild a eu, en effet, la surprise de découvrir des tumeurs osseuses identiques à celles qui affectent les humains, en étudiant aux rayons X les os de plus de sept cents spécimens de ces anciens reptiles. Plus étonnant, certaines espèces sont plus sensibles que d'autres. Contrairement au tyrannosaure, semble-t-il épargné, l'hadrosaure (ou dinosaure à bec de canard) présente relativement plus de ces tumeurs. « Peut-être à cause de son alimentation », suggère Bruce Rothschild. Car cet herbivore se nourrissait surtout de conifères.
Cancer du sein, histoires singulières de couples
« Elle », 24 novembre
Comment le cancer du sein est-il vécu du côté des hommes ? Comment le couple survit-il à cette épreuve ? Le magazine « Elle » se penche cette semaine sur un aspect particulier de cette maladie. « Tandis que les femmes mobilisent leur énergie pour combattre les cellules ennemies, les hommes, eux, se débrouillent comme ils peuvent, bricolant leurs émotions. Les uns apportent soutien et accompagnement, les autres se tiennent à distance, la maladie les plaque au mur. Sans défense, certains fuient. Y compris le domicile conjugal. Une chose est sûre : ils ont mal, eux aussi », nous dit « Elle ». Et les témoignages abondent. Celui d'Isabelle qui raconte : « C'est mauvais, m'a dit le radiologue. J'ai appelé mon mari. Il est venu me chercher. Dans la voiture, pas un mot, incapable de parler : il était sidéré. » Etat de choc. Situation impensable. Bernard, lui, avoue : « J'ai fui. J'ai laissé ma femme aller toute seule passer sa mammographie, alors qu'on se doutait qu'il y aurait une mauvaise nouvelle. » Jean a préféré faire « corps » avec sa femme. « A chaque rendez-vous avec le cancérologue, j'étais présent. Je traduisais pour elle. Christelle n'entendait jamais la même chose que moi. Le médecin lui expliquait qu'elle se situait à un degré où 96 % des malades guérissent, et elle ne retenait que les 4 % qui ne guérissaient pas. » Le Dr Françoise May-Levin explique que cet accompagnement est important. Mais certains ne peuvent l'assumer. Le mari d'Isabelle l'a définitivement quittée après sa dernière chimiothérapie : « Cette maladie m'empêche de vivre », lui a-t-il déclaré. La fin du traitement n'est peut-être d'ailleurs pas la phase la plus facile à vivre.
Grincer des dents, un trouble du sommeil
« Pour la science », décembre
Si près de 60 % des dormeurs ont des mouvements de mastication, certains grincent des dents si fort qu'ils réveillent leur conjoint. Ces patients atteints de bruxisme ont au réveil les mâchoires douloureuses et usent leur émail dentaire. Le trouble touche 8 % des adultes et 14 % des enfants. Des chercheurs canadiens ont montré que les épisodes de bruxisme surviennent durant les phases de « microéveils » qui ponctuent le sommeil de tout dormeur (environ quinze fois par heure). Les « microéveils » sont suffisamment courts pour qu'on n'en ait pas conscience et permettent au cerveau de vérifier s'il ne fait pas froid, s'il y a assez d'air et s'il n'y a pas de bruit menaçant, d'une part, et de contrôler la régulation des fonctions physiologiques, d'autre part. Chez les personnes atteintes de bruxisme, ces microéveils sont trois fois plus amplifiés : le cur bat plus vite, l'activité cérébrale est intense. Tout se passe comme si l'éveil était plus marqué et l'activité masticatoire normale plus forte, jusqu'à 3 à 10 contractions par heure.
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