« EVIDEMMENT, QUAND vous hospitalisez des patients pendant trois semaines en rééducation, vous observez qu'ils vont tous mieux à la sortie, remarque le Dr Cécile Donzé. Mais si, rentrés chez eux, ils ne bénéficient pas d'une prise en charge appropriée, tout le bénéfice de l'hospitalisation est vite anéanti. Le retour à la réalité quotidienne est alors catastrophique. C'est pour cette raison, explique le chef du service de médecine physique et de rééducation fonctionnelle de la clinique SEP (dirigée par le Pr Patrick Hautecoeur), à l'hôpital universitaire du groupe Institut catholique de Lille, que nous avons choisi de privilégier l'hospitalisation de jour et les consultations pluridisciplinaires. »
Il ne s'agit pas, évidemment, de polémiquer avec les partisans d'autres approches, comme les stages de trois semaines (lire ci-contre) : les deux formules présentent des indications propres et sans doute complémentaires.
Cependant, l'avantage de la consultation pluridisciplinaire, menée par un neurologue et un rééducateur, c'est qu'elle « permet, sans éloigner le patient de son lieu de vie habituel, de réaliser en une heure un point complet sur son état : douleurs, fatigue, spasticité, déglutition, troubles sphinctériens, etc. Un point à visée diagnostique et thérapeutique qui permettra d'organiser les prises en charge diverses (kinésithérapie, ergothérapie, podologie, psychologie), selon un plan de traitement complet, destiné aux libéraux, à l'extérieur de l'établissement, de manière à traiter le patient au mieux, au plus proche ».
La précocité, clé de la réussite.
Et au plus vite : « La précocité est la clé de la réussite, souligne le Dr Donzé : plus le score d'Edss (échelle neurologique mesurant l'incapacité fonctionnelle) est faible, plus nous améliorons les patients. On ne fait pas que du préventif, mais bien du curatif : quand vous travaillez l'équilibre, vous améliorez la marche. Quand vous soulagez les douleurs neurologiques ou les lombalgies et les tendinites, vous améliorez encore la marche. Quand vous faites pratiquer un sport au patient, que ce soit en fauteuil (handisport), ou debout (activités gymniques), vous obtenez une diminution de la fatigabilité. Ces pratiques sportives sont particulièrement bénéfiques avec le tennis de table, qui modifie les appuis et améliore l'équilibre, ou avec le cheval. Aujourd'hui, le matériel sophistiqué de posturographie (étude de la posture) évalue de manière très fine les troubles de l'équilibre et permet de proposer des solutions.
La dimension psychologique n'est pas en reste ; les orthophonistes enregistrent des gains sur le plan de l'attention et de la mémoire, là encore d'autant plus appréciable que leur intervention sera programmée rapidement. »
Entre autres prises en charge, celle des troubles urinaires et génito-sexuels est particulièrement gratifiante, avec une efficacité vérifiée dans 80 % des cas.
L'équipe lilloise assure un rôle de coordination, bien sûr en lien avec le réseau G-SEP, mais aussi avec les associations de patients, très actives, et les libéraux. Elle est ainsi à l'origine d'un cédérom tiré à 10 000 exemplaires en juin dernier et qui sera prochainement mis en ligne sur Internet (« Mieux connaître la SEP : approche pluridisciplinaire »), qui propose aux médecins une revue exhaustive de tous les traitements de fonds existants.
Mais l'optimisme des praticiens se heurte encore à des limites cruelles . « Bien des patients, convaincus de l'absence de tout traitement, ne bénéficient d'aucune prise en charge : comme cette dame de 65 ans, malade depuis l'âge de 20 ans, et qui nous est arrivée pour des escarres, en grande détresse, sans jamais avoir consulté pendant près d'un demi-siècle ! »
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