C'EST UNE indication différente de la stimulation cérébrale au cours de la maladie de Parkinson que rapportent Michael Schüpbach et coll., dans « Neurology ». L'équipe donne les résultats de son étude, menée à Paris, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Poitiers et Rouen, avec des patients à un stade précoce de la maladie. Ses conclusions, assez positives, laissent penser que cette technique, utilisée classiquement aux stades avancés de l'affection, devrait être indiquée bien plus tôt.
Vingt patients, à un stade débutant de la maladie de Parkinson, ont été enrôlés. Les symptomatologies étaient légères à modérées, mais il existait chez eux des complications motrices qualifiées d'inquiétantes. A la différences des patients inclus dans des études antérieures sur la stimulation cérébrale profonde, les participants étaient relativement jeunes, de moins de 55 ans, toujours en activité, et le diagnostic avait été posé depuis 5 à 10 ans (valeur médiane : 6,8 ans). Ils ont été répartis en deux groupes : l'un a bénéficié de stimulation cérébrale profonde, ce qui est exceptionnel à un tel stade de l'affection, associée à un traitement médicamenteux ; l'autre recevait un traitement médicamenteux optimal. Le suivi a été de 18 mois.
Amélioration de 24 % de la qualité de vie.
A ce terme, une évaluation clinique et de la qualité de vie a été réalisée. Dans le groupe ayant bénéficié de la stimulation cérébrale, une amélioration de 24 % de la qualité de vie a été constatée, avec une réduction de 69 % de la sévérité des symptômes moteurs. Les patients ont pu réduire leurs prises médicamenteuses de 57 %. Dans l'autre groupe, en revanche, la qualité de vie n'a pas évolué, la symptomatologie motrice s'est aggravée de 29 % et l'utilisation de thérapeutiques dopaminergiques a crû de 12 %. Dans aucun des deux groupes des modifications cognitives n'ont été rapportées.
«La stimulation cérébrale profonde, associée à des modifications du traitement médicamenteux, peut être supérieure au traitement médical seul, même chez les patients à un stade moins avancé et pour ceux diagnostiqués depuis moins de dix ans», constate Michael Schüpbach. En effet, la stimulation cérébrale profonde n'est proposée actuellement qu'au bout de quatorze ans, en moyenne, d'évolution de la maladie et quand le traitement médical devient insuffisant. Il s'agit d'une option finale, chez des patients dont la qualité de vie s'est largement détériorée. Ce qui fait dire à un neurochirurgien canadien, Andres Lozano, dans un éditorial, que «seule une faible proportion des parkinsoniens qui pourraient en bénéficier reçoit cette thérapeutique».
Des études évaluant la stimulation précoce sont en cours en Allemagne. Il s'y ajoutera une étude franco-allemande (équipe du Pr Yves Agid, Paris), auprès de 250 jeunes parkinsoniens, sur deux ans.
« Neurology » janvier 2007.
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