LE VIRUS West Nile (VWN), ou virus du Nil occidental, transmis par un moustique vecteur, appartient à la famille des flavivirus. Des études sont activement menées pour tenter de mettre au point un vaccin.
Grant Nibakken et coll. (Etats-Unis) rapportent des résultats en faveur de l'utilisation d'un anticorps monoclonal ciblant l'épitope E16 du VWN. Pour parvenir à cela, les biologistes se sont intéressés à l'immunité humorale, dont on connaît la fonction protectrice à un stade précoce de l'infection par le VWN.
Ils présentent dans « Nature » des données sur une tentative de neutralisation après avoir choisi un anticorps monoclonal, nommé E16 du nom de l'épitope ciblé sur le domaine de fusion DIII de la membrane du virus. Le processus de neutralisation implique en réalité un certain nombre d'épitopes positionnés à différents endroits sur les quatre boucles que forme DIII. On remarque par ailleurs que le domaine DIII est conservé chez les VWN et se distingue des autres virus membres de la même famille des flavivirus (qui compte les agents responsables de la dengue, de la fièvre jaune et de l'encéphalite virale japonaise).
Ciblant des glycoprotéines d'enveloppe.
C'est après l'étude d'un éventail d'anticorps spécifiques ciblant différentes glycoprotéines d'enveloppe, que l'anticorps monoclonal E16 a été retenu. Il est démontré, en effet, qu'il a protégé des souris infectées par une charge virale létale expérimentale de VWN.
L'étude structurelle de la neutralisation médiée par E16 a été réalisée. Les auteurs ont ainsi déterminé la structure cristalline du complexe formé par l'anticorps et le domaine DIII, et montré ses particularités par rapport aux autres flavivirus.
« Nous trouvons aussi que E16 inhibe l'infection à une étape précoce de l'attachement viral. Ce qui tient probablement à un blocage des changements conformationnels des glycoprotéines d'enveloppe par l'anticorps monoclonal », indiquent-ils après étude in vitro sur une lignée cellulaire.
De plus, il est aussi constaté que l'infection peut être bloquée à un stade plus tardif par ces anticorps.
« Comme la protection médiée par E16 n'est pas sensiblement affectée par le moment auquel on ajoute l'anticorps, nous présumons que ce dernier est susceptible d'agir après la période de la fixation du virus à la cellule. »
L'ensemble de ces observations permet à G. Nybakken et coll. d'avancer qu'une stratégie vaccinale à l'aide d'un anticorps monoclonal « qui cible l'épitope dominant de DIII, est susceptible de représenter une stratégie intéressante pour la lutte contre la maladie ».
« Nature », vol. 437, 29 septembre 2005, pp. 764-768.
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