De notre correspondant
« Cinquante pour cent des personnes qui nous contactent par téléphone puis viennent nous voir au siège de l'association de Lyon le font parce qu'elles sont désemparées, et surtout choquées : à un moment donné, leur séropositivité a été d'une façon ou d'une autre connue dans l'entreprise où elles travaillaient, et la divulgation de cette information a fini par déboucher, plus ou moins rapidement, sur leur éviction de l'entreprise. Non par le biais d'un licenciement en bonne et due forme, car cela est désormais interdit, mais par leur rejet de fait, pour mille et une fausses raisons. » Franck Torrès, président de AIDES Lyon-Rhône-Ain, organisateur du forum, a donné d'emblée le ton, offensif, de ces rencontres lyonnaises, premières d'une série de réunions similaires qui vont être organisées dans cinquante villes françaises dans les prochaines semaines.
« La réalité des pratiques discriminatoires dans la région Rhône-Alpes est patente, révoltante, insiste le président d'AIDES ; nous en avons des témoignages concrets chaque semaine. Au point que nous venons unanimement de décider d'en faire notre priorité d'action pour les deux prochaines années. »
Sensibiliser
Au plan national, la fédération AIDES, déterminée à se battre pour lutter contre les discriminations à l'égard des personnes séropositives en entreprise, a fait réaliser depuis déjà trois ans sondages et enquêtes afin de mieux cerner la réalité des pratiques et déterminer des priorités d'action. Car comme l'a expliqué lors du forum lyonnais Alain Legrand, responsable du secteur Vie quotidienne et action sociale de l'association, force est de constater que la séropositivité demeure « une catégorie de handicap spécifique, atypique », qui génère aujourd'hui encore, notamment en milieu professionnel, « des réactions et des comportements de rejet totalement irrationnels ». Il y a notamment encore dans la société française, ajoute-t-il, un « silence général persistant sur la séropositivité au féminin », qui s'accompagne d'un « véritable ostracisme vis-à-vis des femmes séropositives au travail ». Les forums régionaux comme celui de Lyon ont été organisés pour informer et sensibiliser les décideurs économiques sur la question de la séropositivité « et pour que cessent fantasmes et idées reçues », ajoute Franck Torrès. La campagne de sensibilisation « VIH/Sida et milieu de travail » menée au niveau national par la fédération AIDES va accompagner cette démarche décentralisée, où les militants associatifs des antennes régionales cherchent à nouer des liens avec les décideurs locaux du monde professionnel.
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