L’intérim spécialisé, une nécessité
La pénurie chronique de personnel médical et paramédical a pour conséquence le recours à des sociétés d’intérim. Ces dernières proposent des missions de courte durée pour faire face à des absences ou à un pic d’activité. L’intérim à l’hôpital doit relever de l’exception. De prime abord, tout besoin en effectif supplémentaire doit être comblé par des membres de l’équipe de compensation appartenant au corps des fonctionnaires du service public hospitalier, ou si besoin par la nomination d’un nouvel agent. C’est la raison pour laquelle le recours à un intérimaire est rigoureusement encadré1. Il ne peut avoir lieu que dans le cadre d’une tâche précise et temporaire : la mission. Le recours aux agences d’intérim pour les personnels soignants et paramédicaux s’effectue et demeure dans le respect de leur cadre réglementaire. Il en va autrement pour le remplacement du corps médical qui utilise modérément la forme contractuelle de missions d’intérim2. En effet, certaines vacations médicales peuvent revêtir une certaine importance. Ainsi, le besoin de temps médical croissant et un nombre plus faible de médecins dans certaines spécialités3 créent un effet ciseau qui profite à certaines sociétés de placement.
Pratique des surrémunérations
Ainsi, l’année dernière, un centre hospitalier situé dans le Finistère a dû recourir de nouveau massivement à l’intérim à des coûts prohibitifs4 pour maintenir ses effectifs aux urgences en anesthésie, en gynécologie obstétrique et en médecine durant 499 journées de remplacement et pour un budget estimé à plus de 600 000 euros. Cette situation n’est pas isolée. Les chambres régionales des comptes rappellent régulièrement à l’ordre de nombreux établissements hospitaliers en Mayenne, en Savoie, en Corse, en Champagne ou dans les Vosges qui cèdent à ces pratiques de dépassement irrégulier de rémunérations. Ces difficultés de l’emploi temporaire constituent un révélateur des tensions du système de soins. Lorsque le déséquilibre est marqué entre les besoins et les ressources sur un marché de main-d’œuvre de temps médical qualifié – au moment de recrutement inévitable d’un médecin temporaire – de nombreux directeurs et chefs de service sont sous une pression telle qu'ils acceptent une « dérive à la hausse » des rémunérations. « D’autres sont sous la menace plus préoccupante d’une dérive à la baisse de la qualité des praticiens », observent Georges Costargent et Gildas Le Coz dans leur rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS).
2. L’exploitation des fiches Unedic des déclarations mensuelles des agences d’intérim a révélé moins d’une cinquantaine d’équivalents temps pleins de médecins hospitaliers intérimaires.
3. Anesthésie réanimation, gynécologie obstétrique, médecine d’urgence, pédiatrie, chirurgie et radiologie.
4. De 1500 à 1800 euros par 24 heures.
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