AU COURS du cancer du sein métastasé, une transplantation de lymphocytes T allogéniques semble capable d'induire une régression tumorale. Cette conclusion d'un travail encore expérimental de Michael R. Bishop et coll. (Etats-unis) confirme l'intérêt d'une thérapeutique immunologique efficace chez l'animal et utilisée au cours de leucémies ou de lymphomes : un effet de type greffon contre la tumeur obtenu à partir de lymphocytes T allogéniques. L'étude ouvre la porte à des thérapies cellulaires du cancer du sein.
En deux temps.
L'équipe de médecins américains a enrôlé 16 patientes atteintes d'un cancer mammaire ayant progressé malgré les chimiothérapies. Elles ont bénéficié d'une transplantation de cellules souches hématopoïétiques allogéniques (provenant d'un parent). Un traitement par immunosuppresseurs, puis cyclophosphamide et fludarabine, a été préalablement instauré pour réduire les effets toxiques de la greffe. Afin de distinguer la réaction du greffon contre la tumeur d'une éventuelle action thérapeutique des chimiothérapie prescrites, les lymphocytes allogéniques T ont été extraits du greffon, puis administrés ultérieurement après transplantation des cellules souches. La première greffe contenait ainsi peu de cellules T ; celles-ci ont été perfusées, à doses progressivement croissantes, 42, 70 et 98 jours plus tard.
Une régression objective tumorale a été notée dès le 28e jour après la greffe de cellules souches chez 6 patientes. Elle a pu être attribuée à l'action des lymphocytes. Deux de ces patientes ont présenté une progression tumorale avant la phase de régression.
Inconvénient : réaction du greffon contre l'hôte.
Si l'amélioration clinique se marquait au fur et à mesure de l'apport en lymphocytes T, elle s'est aussi accompagnée, chez la majorité des seize femmes, d'une réaction du greffon contre l'hôte. Dans dix cas, il s'est agit d'une forme aiguë et, chronique, dans quatre cas.
Si ce travail montre bien qu'une thérapie cellulaire peut conduire à une régression tumorale, les chercheurs constatent qu'elle doit être améliorée pour en réduire la toxicité, notamment la réaction du greffon contre l'hôte. Ils comptent sur l'aide de laboratoires travaillant sur des cellules T spécialisées moins délétères.
« Journal of Clinical Oncology », vol. 22, n° 19, à paraître le 1er octobre 2004.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature