L'HYPOTHYROÏDIE fruste ou hypothyroïdie infraclinique est définie par une élévation de la TSH, sans augmentation des hormones thyroïdiennes libres (T4L et T3L).
Pour la plupart des auteurs, le diagnostic est posé lorsque la concentration plasmatique de TSH est supérieure à 4 mUI/l ,alors que celle de la thyroxine libre (T4L) reste dans les limites de la norme du laboratoire d'analyses. Cette forme d'hypothyroïdie touche entre 4 et 10 % de la population générale ; il existe une forte prédominance féminine et une augmentation significative de la prévalence avec l'âge. Chaque année, de 5 à 10 % des hypothyroïdies frustes auront une expression clinique franche, avec un taux de T4 libre abaissé. Les causes de l'hypothyroïdie frustes sont les mêmes que celles des hypothyroïdies franches.
Circonstances très variées.
Les circonstances de découverte d'une élévation isolée de la TSH sont très variées. Les signes cliniques les plus fréquemment observés sont peu spécifiques, souvent inconstants : crampes musculaires, sécheresse cutanée, intolérance au froid, constipation, fatigue et prise de poids. Il a été mis un lien entre certaines anomalies biologiques et l'hypothyroïdie fruste, notamment au niveau du bilan lipidique, et une corrélation nette entre l'élévation de la TSH et celle du LDL a été démontrée. Certaines études retrouvent une élévation de la Lp(a) contemporaine à l'élévation du LDL-C qui majore le risque d'accident cardio-vasculaire. Enfin, l'hypothyroïdie fruste pourrait être associée à une élévation de la CRP, indépendante du taux de TSH ; cette inflammation chronique serait responsable d'une altération de l'endothélium. Certains auteurs ont également constaté une élévation des résistances vasculaires et de la pression artérielle, ainsi qu'une altération de la contractilité myocardique de repos et d'effort proportionnelle au taux de TSH et une modification de la relaxation ventriculaire diastolique.
Concernant la maladie athéromateuse, de nombreuses études suggèrent une association non fortuite entre hypothyroïdie fruste, pathologies coronariennes et mortalité, principalement chez l'homme de moins de 50 ans, dont les taux de TSH sont supérieurs à 6 mUI/l. Les études épidémiologiques rapportent des résultats contradictoires sur un lien éventuel entre l'hypothyroïdie fruste et la mortalité globale et/ou cardio-vasculaire. Une étude récente (étude Rotterdam) a montré qu'il existait une prévalence significativement plus élevée de l'athérome aortique et de l'infarctus du myocarde chez 1 055 femmes de 69 ± 7,5 ans atteintes d'hypothyroïdie fruste.
Enfin, la prévalence d'un syndrome dépressif est plus élevée chez les patients présentant une hypothyroïdie fruste et plusieurs études prospectives ont permis de mettre en évidence une altération des fonctions cognitives chez les sujets porteurs d'une hypothyroïdie fruste avec, notamment une augmentation des scores d'anxiété.
Des questionnaires de qualité de vie, notamment le questionnaire générique SF 36 (Merck Serono) ont été utilisés dans plusieurs études, mettant en évidence une altération significative de la qualité de vie au sein de la population qui présentent une hypothyroïdie fruste par rapport à une population comparable.
Les paramètres.
Jusqu'à la mise à disposition de ces re-commandations, aucun consensus sur cette situation clinique n'était disponible. Ces recommandations définissent les paramètres à retenir pour effectuer un dépistage ciblé de cette pathologie : femme âgée de plus de 60 ans ayant des antécédents thyroïdiens, présence d'anticorps antithyroïdiens, antécédents de chirurgie ou d'irradiation thyroïdienne ou cervicale, traitements à risque thyroïdien (amiodarone, lithium, interféron ou autres cytokines). Concernant la mise en oeuvre d'un traitement substitutif par hormones thyroïdiennes, les critères à prendre en compte sont : une TSH supérieure à 10 mUI/l, la présence d'une auto-immunité thyroïdienne (objectivée par le taux d'anticorps antithyroperoxydase), la présence de signes cliniques ou biologiques évocateurs. Enfin, ces recommandations précisent les modalités de diagnostic et de prise en charge d'une hypothyroïdie frustre chez la femme enceinte. Pour ces patientes, une vigilance accrue s'impose et la valeur seuil de TSH incitant à une prise en charge est de 4 mUI/ml ; une surveillance accrue de la fonction thyroïdienne (contrôlée à 1 mois) et un dosage des anticorps anti-TPO sont conseillés à partir de 3 mUI/l. Dans le cas précis de la grossesse, le dépistage utilise le dosage simultané de la TSH et de la T4L.
D'après la communication du Pr Jacques Legendre (Nice) lors d'une conférence de presse organisée par Merck Serono.
Le texte complet des recommandations peut être consulté sur www.has-sante.fr.
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