Pour la première fois, la Haute Autorité de santé (HAS) donne aux médecins généralistes des recommandations pour améliorer la prise en charge de l’anorexie mentale. Fruit d’un partenariat avec l’AFDAS-TCA, la communication sur l’accompagnement des malades s’adresse également aux familles et aux patients*.
L’anorexie mentale touche 1 % de la population féminine jeune, soit environ 40 000 adolescentes, mais le chiffre grimpe à 70 000 si on évoque la chronicité ultérieure. Les généralistes sont en première ligne pour dépister les patients et soulager leur souffrance. Les Prs Philippe Jeammet et Jean-Luc Vénisse, spécialistes de l’adolescence et des addictions, ont coprésidé le groupe de travail qui a élaboré les recommandations. Elles s’organisent autour de trois axes : le repérage précoce du trouble, les premiers soins et la filière de la prise en charge, les critères d’hospitalisation.
Sur le repérage, la HAS préconise de cibler les populations à risque : les adolescentes et les jeunes femmes, les mannequins, danseurs et sportifs, mais aussi les sujets atteints de pathologies qui imposent des régimes (hypercholestérolémie familiale, diabète de type 1). Et puis, poser une simple question, telle que « Avez-vous ou avez-vous eu un problème avec votre poids ou votre alimentation ? », ou proposer le questionnaire type qui révèle un trouble du comportement alimentaire. Chez l’adolescent, l’hyperactivité physique, le surinvestissement intellectuel, l’aménorrhée des filles et une perte de poids supérieure à 15 % sont des signes évocateurs.
La prise en charge ambulatoire sera privilégiée, sauf en cas d’urgence manifeste. Elle sera multidisciplinaire, avec au minimum deux soignants : un spécialiste de la souffrance psychique (psychiatre, pédopsychiatre ou psychologue) et un somaticien (généraliste ou pédiatre) prêt à assumer la continuité des soins. La prise en charge thérapeutique comprend un fort soutien psychologique du malade, avec la mise en place d’une thérapie familiale pour les enfants et les adolescents. La psychothérapie doit durer au moins un an après une amélioration clinique significative. L’objectif pondéral reste primordial.
Pour décider d’une hospitalisation à temps plein, le médecin s’appuie sur une association de critères médicaux, psychiatriques et environnementaux et leur évolutivité, décrits par l’HAS dans un tableau. Parmi eux, une perte de poids rapide (l’IMC inférieure à 13,2 kg/m2 à 15 ans est le seuil critique), l’élévation de la créatinine, l’acétonurie. Mais aussi un risque suicidaire, l’échec ou l’impossibilité d’une prise en charge ambulatoire, un isolement social, des conflits familiaux sévères et l’épuisement familial.
« Aujourd’hui, la moitié des anorexiques guérissent totalement », indique le Pr Jean-Louis Venisse.
* www.has-sante.fr et www.fna-tca.com (la Fédération nationale d’associations TCA, présidée par Christine Chiquet). L’AFDAS est l’Association française pour le développement des approches spécialisées des troubles du comportement alimentaire.
Quotimed.com, le 30/09/2010
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