L'ARRIVÉE des formes orodispersibles représente un progrès galénique majeur, notamment chez le très jeune enfant. Ces formes, qui présentent la particularité de ne nécessiter ni eau ni mastication au cours de leur administration, se désagrègent très rapidement dans la bouche (de une à trois minutes, voire quelques secondes pour certains produits). De très petite taille, le plus souvent, elles empêchent l'enfant de rejeter le médicament. Ces formes orodispersibles se retrouvent dans différentes spécialités : antalgiques, antipyrétiques, corticoïdes…
Les formes sirop déjà couramment utilisées en médecine pédiatrique courante (antibiotiques, antipyrétiques…) commencent à faire leur apparition dans des pathologies plus lourdes comme le sida, les cancers ou les maladies auto-immunes, avec l'apparition de Kaletra, inhibiteur de protéase sous forme sirop, et les prochaines commercialisations des formes sirop de méthotrexate et de mercaptopurin. En ce qui concerne les sirops déjà couramment utilisés (antibiotiques), l'apparition de pipettes graduées en fonction du poids de l'enfant est venue largement faciliter l'administration des traitements, évitant ainsi les erreurs d'administration pour le pédiatre et la famille et permettant de faciliter l'observance. Enfin, des progrès ont été faits au niveau des vaccins dont l'injection est devenue moins douloureuse grâce à une quantité moindre de produit injecté.
Le pédiatre reste démuni dans bien des domaines.
Pour le Dr Jean-Marc Tréluyer, pharmacologue-pédiatre à l'hôpital Cochin - Saint-Vincent de-Paul, ces progrès sont encore insuffisants et beaucoup de choses restent à faire : «Les formes orodispersibles ne sont pas assez nombreuses et, aujourd'hui encore, le pédiatre est obligé d'écraser des comprimés pour les administrer à l'enfant et reste dans bien des domaines encore démuni face à un enfant de moins de 6ans. Dans le domaine particulier de la réanimation du nouveau-né, notamment en ce qui concerne l'administration intraveineuse d'antibiotiques, aucun progrès n'a été fait et les pédiatres-réanimateurs sont obligés de “jongler” en faisant des dilutions, d'où un risque non négligeable d'erreur de dosage.»
Les progrès réalisés ne sont pas encore suffisamment importants et ce d'autant que l'on continue à manquer d'études évaluant les médicaments propres à l'enfant. Ce retard d'évaluation des médicaments soustrait l'enfant à certains progrès thérapeutiques et l'expose à un risque médicamenteux accru. «Aujourd'hui encore, trop de prescriptions hors AMM existent chez l'enfant.»
Propos recueillis auprès du Dr Jean-Marc Tréluyer (pharmacologue-pédiatre, hôpital Cochin - Saint-Vincent de-Paul, Paris).
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