SI L’ON ÉTAIT méchant, on pourrait dire, sans grande crainte d’être démentis, que le rapport annuel de la Cour des comptes sur les urgences médicales enfonce des portes ouvertes.
Car affirmer que les services d’urgence sont débordés, que bon nombre de patients qui se précipitent dans ces services hospitaliers ne relèvent pas de l’urgence médicale ou que les relations entre les différents acteurs, pompiers, infirmiers, hospitaliers et médecins libéraux, laissent pour le moins à désirer, sont autant d’affirmations et de vérités, on n’ose dire de banalités, maintes fois énoncées dans un nombre élevé de rapports, de thèses, de compte-rendus de congrès ou de séminaires.
Ce constat sévère doit être cependant tempéré par le fait que la Cour des comptes, avec l’aide de sept chambres régionales, a mené un travail constructif qui fait le point sur l’impact des différentes initiatives nationales et locales pour améliorer la prise en charge des urgences. Et les magistrats de noter que la réalité du terrain est bien éloignée des ambitions affichées par les pouvoirs publics et notamment par la circulaire sur la permanence des soins et le plan Urgences, publié après la canicule de 2003.
Certes, reconnaît la Cour, le plan Urgences s’est traduit par un accroissement des personnels, mais «cette amélioration quantitative n’a pas été accompagnée de mesures qualitatives permettant de mieux ajuster les effectifs présents au nombre de passages qui varie considérablement au cours de la journée ou de l’année».
Malgré «les intentions affichées, poursuivent les magistrats, l’amélioration de la chaîne de fonctionnement des urgences reste insatisfaisante». Et pour la Cour, cette amélioration passe moins par l’octroi «de nouveaux moyens financiers» que par «des mesures relatives à l’orientation des patients, à l’organisation des services et à la coordination de l’activité hospitalière avec celle de la médecine de ville».
S’agissant de la permanence des soins assurée par les médecins libéraux, la Cour estime que le volontariat pose des problèmes à la couverture des urgences : seulement 70 % des médecins y participent et il y a de fortes inégalités puisque certaines zones restent sans couverture médicale libérale, surtout en seconde partie de nuit.
Quant aux maisons médicales de garde, s’il est difficile d’évaluer leur réelle efficacité, elles semblent surtout utiles lorsqu’elles sont adossées à un hôpital, puisqu’elles permettent, dans ce cas de figure, «d’alléger le flux des patients qui s’adressent aux services d’urgence».
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