Relation entre bronchiolite et asthme
DANS LA plupart des cas, le virus respiratoire syncytial est éliminé du tractus respiratoire en quelques semaines, mais, chez certains nourrissons, il peut être responsable de séquelles à long terme. Des études, rétrospectives, mais aussi prospectives, ont mis en évidence les relations entre bronchiolite à VRS, épisodes récurrents de weezing et asthme de l'enfant. Asthme et bronchiolite partagent d'ailleurs un certain nombre de symptômes, notamment la présence de râles sibilants et la gêne respiratoire, bien que ces deux pathologies ne répondent pas de la même façon aux bronchodilatateurs et aux anti-inflammatoires.
Les mécanismes physiopathologiques expliquant l'éventuel passage d'une bronchiolite à VRS à l'asthme ont été explorés par de nombreux travaux, mais restent encore discutés. Les recherches menées par l'équipe de Giovanni Piedimonte à l'université de Miami apportent une vision plus structurée des relations entre ces deux affections et leur continuum. Des processus neurogènes et immunologiques seraient impliqués et interagiraient.
La substance P et ses récepteurs.
Première observation : le VRS stimule les fibres nerveuses sensorielles situées juste sous la surface épithéliale entraînant une augmentation de la perméabilité vasculaire et aboutissant à un état inflammatoire. Ces modifications seraient médiées par la substance P, neuropeptide pro-inflammatoire, le VRS ayant une forte affinités pour ses récepteurs NK1. L'infection par le VRS est en outre responsable de l'augmentation par les lymphocytes CD4 de l'expression des récepteurs NK1. L'inflammation induite par la substance P pourrait jouer un rôle clé dans la survenue d'une hyperréactivité bronchique.
Les mastocytes semblent également intervenir dans le passage de la bronchiolite à l'asthme. Au cours de l'infection à VRS, leur taux dans l'arbre respiratoire est fortement accru. Ces cellules libèrent des médiateurs de l'inflammation, notamment des leucotriènes, et plus particulièrement les cystéinyl leucotriènes, responsables d'une inflammation des voies respiratoires et de spasmes bronchiques. Le taux de LTC4 mesuré au niveau des sécrétions nasopharyngées chez des enfants présentant une infection à VRS est augmenté et corrélé avec la sévérité clinique. Il en est de même pour la lipo-oxygénase 5. Bien que les concentrations de leucotriènes tendent à se normaliser rapidement après le début de la contamination par le VRS, il semble qu'ils puissent être réactivés ultérieurement par la stimulation des nombreux mastocytes qui, eux, restent dans les tissus pulmonaires.
Le NGF, lien entre infection virale et asthme.
Les derniers travaux de l'équipe américaine portent sur le NGF ( Nerve Growth Factor) et les récepteurs neurotrophiniques. La famille des neurotrophines, qui comporte le NGF, le Bdnf ( Brain-Derived Neurotrophic Factor) et les neurotrophines 3 et 4/5, est impliquée dans la survie, la différenciation et l'apoptose des neurones périphériques afférents et efférents, elle contrôle l'expression des gènes qui codent pour les précurseurs de la substance P et d'autres peptides neurotransmetteurs. Plusieurs arguments plaident en faveur du rôle important du NGF et peut être d'autres neurotrophines dans les affections allergiques, notamment la mise en évidence de taux élevés de ce neuromodulateur chez des patients présentant un asthme ou une rhinoconjonctivite allergique. De plus, le NGF, qui est libéré par les cellules épithéliales respiratoires, augmente la production et la libération de substance P et d'autres tachykinines. Selon Giovanni Piedimonte, les modifications de l'expression du NGF et des autres neurotrophines pourraient être au centre des interactions entre phénomènes inflammatoires, modifications immunitaires et stimulation neurosensitive, expliquant l'évolution de certaines infections virales précoces vers un asthme de l'enfant.
* Université de Miami.
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