CHAQUE ANNÉE, en France, les maladies nosocomiales touchent près de 5 % des personnes hospitalisées. La qualité des soins au sein des établissements de santé est complètement dépendante de la qualité de l'hygiène et une surveillance drastique est indispensable. C'est dans ce sens qu'ont été élaborés les programmes d'évaluation et d'accréditation des systèmes de santé, dont l'hygiène est à l'origine. Ces programmes doivent déboucher sur une «capacité à s'améliorer».
L'évaluation des pratiques professionnelles (EPP), qui s'appuie sur plusieurs dispositifs concernant la profession médicale et la gestion des établissements de santé, consiste en une démarche formalisée et systématique visant à l'identification des écarts par rapport à une pratique de soins collective considérée comme optimale, la conception et la mise en oeuvre des mesures correctives et la réalisation d'un suivi afin de s'assurer que les mesures correctives sont effectives.
Le dispositif français est actuellement assez avancé toutefois, il est complexe et parfois difficile à maîtriser pour certains. Il associe en effet plusieurs logiques : celle de l'EPP de l'établissement, en constante évolution, celle de l'EPP individuelle, qui s'inscrit dans la formation médicale continue elle-même et ne concerne aujourd'hui encore que les seuls médecins, et celle de l'accréditation des pratiques à risque (démarche volontaire).
Aujourd'hui, on cherche à créer des synergies, des passerelles entre ces trois options : des démarches d'EPP individuelles sont impulsées par la certification V2 Établissement ; réciproquement, des programmes d'EPP individuelles (réalisés souvent en équipe) sont présentés lors de la procédure de certification de l'établissement.
Sans oublier le bon sens.
À l'avenir, simplification et mise en cohérence sont souhaitées en accord avec l'une des «leçons» de Donald M. Berwick (« British Médical Journal », 2004) : «Complexity is waste» (la complexité est un gâchis). Il importe donc désormais de simplifier une organisation interne de l'EPP devenue trop complexe, tout en conservant les principaux «design» méthodologiques de l'EPP, comme le chemin clinique, le suivi des indicateurs, la revue de mortalité-morbidité (RMN), la revue de pertinence des soins, les réunions de concertation pluridisciplinaires, les staffs EPP, les audits cliniques ciblés et les audits. Dans tous les cas, les écarts doivent être compris et analysés, en utilisant des outils de travail et beaucoup de bon sens.
Certaines méthodes sont particulièrement adaptées à la gestion des risques en général, et à celle des risques infectieux en particulier. Elles ont été particulièrement utilisées en région Rhône-Alpes : audits cliniques, méthodes d'analyse d'amélioration d'un processus et des chemins cliniques, revue de mortalité-morbidité, suivi d'indicateurs. Pour le Pr Jacques Fabry (Lyon), «ces quatre méthodes vont faire rapidement partie de la boîte à outils de l'hygiéniste. À côté des approches plus habituelles de surveillance, d'investigation et de prévention, elles vont devenir incontournables pour les équipes d'hygiène et permettre d'intégrer davantage l'ensemble des professionnels hospitaliers dans les enjeux de sécurité des patients. D'abord, le corps médical, ensuite, l'ensemble des autres professions de santé».
D'après la communication de J. Fabry (Lyon), lors d'une session plénière à laquelle participaient également S. Harbath (Genève), P. Astagneau (Paris) et P. Parneix (Bordeaux), dans le cadre du 19e Congrès national de la Société française d'hygiène hospitalière et des 19es Journées nationales SIIHHF.
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