François Coulier, statutaire à Marseille
CHERCHEUR depuis vingt ans, François Coulier constate que « la mobilisation n'a jamais été aussi importante ». Statutaire à l'institut du cancer de Marseille (unité Inserm), il est « en colère », tout comme la trentaine de chercheurs de ce laboratoire dirigé par le Pr Françoise Birg, elle-même démissionnaire.
Il énumère les problèmes de budgets, de postes, et le mépris dans lequel on tient les chercheurs. « Nous sommes d'accord pour une réforme car il n'y en a pas eu depuis Chevènement en 1983, mais nous voulons être partie prenante des discussions, alors qu'on nous propose simplement de répondre sur un site Web à des questions choisies par le gouvernement qui fera lui-même la synthèse des réponses. »
Le blocage autour des 550 postes de fonctionnaire transformés en CDD ? « Cela ne coûterait pas un sou de plus de les rétablir, mais il y a volonté délibérée du gouvernement de diminuer le nombre de fonctionnaires, c'est une décision purement idéologique, et c'est grave pour la recherche, car, avec un contrat limité à trois ans, on ne peut travailler sur le long terme : on essaie de publier le plus vite possible sur des sujets qui aboutissent rapidement, mais sont, bien sûr, moins intéressants. Tout le monde y perd. »
François Coulier est pessimiste quant à l'avenir de la recherche française et quant à son propre avenir. Ce laboratoire marseillais très coté, qui mène à la fois des recherches cliniques avec l'institut régional de lutte contre le cancer Paoli-Calmettes et des recherches fondamentales sur les mécanismes de cancérisation, bénéficie heureusement de crédits provenant de différents organismes, et notamment de la Ligue contre le cancer. Il bénéficie aussi du travail de nombreux étudiants, attirés par les thèmes de recherche et d'un environnement de haut niveau. Mais les problèmes de fonctionnement en freinent l'efficacité et les chercheurs ne peuvent se consacrer pleinement à leurs travaux. « Nous manquons de techniciens, d'ingénieurs, d'emplois administratifs (une seule secrétaire depuis deux ans pour une centaine de personnes travaillant dans le laboratoire) car les départs à la retraite et les départs volontaires ne sont plus remplacés », note François Coulier. Il déplore notamment l'absence de techniciens pour gérer le réseau informatique et les quatre-vingt-dix ordinateurs de l'institut, car c'est sur lui, qui a des connaissances dans ce domaine, que repose cette responsabilité : « Je passe mon temps sur les ordinateurs au lieu de poursuivre mes recherches. Si j'arrête, le labo ne pourra plus fonctionner, mais je n'en peux plus. »
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