« METTRE en place un travail commun entre les établissements de soins, encourager les initiatives à partir de méthodes et outils proposés par l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes), diffuser et transposer les expériences locales acquises ici en Aquitaine, telles sont les pierres angulaires du travail pédagogique et d'accompagnement amorcé par l'Anaes, sur le thème de l'évaluation des pratiques professionnelles (EPP) », a affirmé Philippe Douste-Blazy en introduction de la première journée régionale sur l'évaluation des pratiques professionnelles des établissements de santé, organisée à Bordeaux, à l'initiative de l'Anaes, et avec le concours de « Décision et Stratégie Santé ».
La première étape d'un périple qui devrait conduire l'Anaes dans plusieurs régions. La salle comble, plus de 350 personnes, un programme riche et la présence du ministre lui-même traduisent l'importance des enjeux qui se profilent derrière l'EPP. La qualité du service médical rendu arrive en tête de ces priorités. L'évaluation de la qualité en santé et donc des pratiques professionnelles représente logiquement un enjeu majeur pour l'avenir du système de santé, a déclaré le ministre de la Santé et de la Protection sociale.
Alain Coulomb, directeur général de l'Anaes, a insisté sur l'impact de cette démarche sur les différents acteurs : les patients sont certes les premiers concernés, rapporte-t-il. Mais également les pouvoirs publics qui, outre leur rôle de régulateur des dépenses, doivent se porter garants de la qualité du système de soins, et enfin les professionnels de santé, notamment les médecins, doivent trouver dans l'EPP la valorisation de leurs pratiques et une source de reconnaissance de leur rôle et de leurs missions.
« De plus, la non-qualité a un coût, précise le directeur de l'Anaes. Il suffit de citer les infections nosocomiales, la iatrogénie ou encore les conséquences d'actes inappropriés. Au total, on arrive à 10 % de l'activité hospitalière. »
Aussi les moyens pour améliorer cette qualité doivent-ils surtout concerner les pratiques professionnelles.
En collaboration avec le Ccecqa (Comité de coordination de l'évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine) et des équipes volontaires, l'Anaes construit des méthodes, des outils et des référentiels. Elle a mis au point une nouvelle version de l'accréditation et des grilles pour les audits qui vont soutenir et cadrer les démarches d'évaluation. L'intérêt financier n'est pas absent : « La qualité fera l'objet d'encouragements financiers à hauteur de 15 millions d'euros pour 2004-2005, a d'ailleurs confirmé Philippe Douste-Blazy. Il y aura un lien entre la qualité des résultats et une enveloppe budgétaire. »
Il est certain, a précisé le ministre, que la qualité peut justifier une rémunération complémentaire , « mais paradoxalement la non-qualité aussi, sous forme d'un appui financier transitoire pour atteindre un meilleur niveau. »
L'objectif est d'aider de façon significative le développement de l'EPP, et d'encourager les établissements à atteindre de meilleurs niveaux de performance. L'EPP ne doit pas être une épreuve sanction et une démarche individuelle, mais la marque d'une volonté collective de faire progresser le système, a dit le ministre.
Coup de pouce à l'HAD
En ouvrant le colloque sur l'hospitalisation à domicile qu'organisait mardi dans son ministère la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), Philippe Douste-Blazy a confirmé les engagements pris par son prédécesseur.
Faisant du développement de l'HAD une « priorité », le ministre a promis, comme l'avait fait Jean-François Mattei en février dernier, que le secteur compterait 8 000 places d'ici à 2005 (contre 4 700 aujourd'hui). 40 millions d'euros ont été consacrés à cet accroissement des capacités ; 70 millions d'euros devraient l'être l'an prochain.
Le ministre a rappelé que les prochains schémas régionaux d'organisation sanitaire (Sros) comporteraient obligatoirement un volet « HAD » et annoncé qu'il souhaitait développer un nouveau concept : celui d'HAD « de proximité », afin, explique le ministère, « d'assurer une meilleure couverture du territoire pour les patients en zone semi-urbaine ou rurale ». Philippe Douste-Blazy a par ailleurs souhaité que les médecins prescrivent davantage l'HAD et que cette discipline soit intégrée dans leur cursus de formation.
> K. P.
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