CONGRES HEBDO
Les poux de tête, pédiculose du cuir chevelu, touchent tout particulièrement les enfants des classes primaires âgés de 6 à 8 ans (ou plus) quel que soit leur milieu social. « La pédiculose a des répercussions non seulement cliniques, avec des lésions qui peuvent s'infecter et s'accompagner de fièvre, mais aussi socio-psychologiques. Des études ont pu démontrer que ces enfants faisaient davantage de cauchemars », explique le Pr Olivier Chosidow.
Jusqu'aux années soixante-dix voire quatre-vingt, les traitements actifs constitués par les deux grandes familles d'insecticides que sont les dérivés des pyrèthres et le malathion permettaient de venir à bout de ces insectes. Depuis les années quatre-vingt, l'apparition de résistance aux traitements pose un réel problème. Démontrée dès 1994 en France par l'équipe de la Pitié-Salpêtrière et publiée dans un article du « Lancet » (1), cette résistance n'a cessé de s'étendre et de s'amplifier. Une étude (2) réalisée en Angleterre montre qu'il existe désormais des poux résistants aux deux produits de référence. Cette résistance aux insecticides a pu être mise en évidence dans d'autres pays. « Elle est secondaire à la survenue de mutation génétique, indique le spécialiste, qui confère aux poux une capacité d'adaptation leur permettant de résister aux produits. Une étude que nous avons menée chez des enfants appartenant à un groupe d'établissements scolaires a pu montrer que sur une période donnée, 30 à 40 % des poux avaient développé une résistance aux dérivés des pyrèthres. »
Des recommandations attendues prochaînement
Dans ce contexte, en France, la direction générale de la Santé a réuni un groupe d'experts, membres de l'AFSSAPS, de l'Education nationale, de dermatologues et de parasitologues, chargés d'établir des recommandations qui, selon le Pr Chosidow, seront disponibles peu après la rentrée scolaire et pourraient être adoptées par la plupart des pays concernés par ce problème. Ces experts conseillent notamment aux pharmaciens de ne pas donner deux fois de suite le même produit à la même personne si il y a eu résistance. « Si l'échec thérapeutique intéresse les deux familles de produits actuellement sur le marché, il faut médicaliser la prise en charge », souligne le Pr Chosidow. Les spécialistes pourraient aussi encourager la limitation des ventes de shampooings antipoux qui participent, selon eux, à la diffusion de la résistance. Ils devraient souligner la contre-indication de sprays chez les enfants asthmatiques. Et rappeler tous les conseils d'hygiène, c'est-à-dire le lavage des vêtements, de la literie. Pour le Pr Olivier Chosidow, il faut récuser l'emploi d'antibiotiques sulfamidés tels que le sulfaméthoxazole-triméthoprime, préconisé outre-Atlantique, qui, compte tenu des effets secondaires potentiels, ne doit pas être utilisé dans cette indication. Il faut bannir la politique d'exclusion mise en place aux Etats-Unis qui n'est pas admissible et qui marginaliserait encore davantage l'enfant avec des conséquences psychologiques désastreuses.
(1) Chosidow O., Chastang C., Brue C., et al. A controlled study of malathion ans d-phenothrin lotions for pediculus humanus var capitis infected schoolchildren. « Lancet ». 1994 ; 344 : 1724-1727.
(2) Downs AMR, Stafford KA, Harvey I, Coles GC. Evidence for double resistance to permethrin and malathion in head lice. « British Journal of Dermatology ». 1999 ; 141 : 508-511.
Les poux de corps
Les poux de corps peuvent transmettre certaines maladies infectieuses telles que « la fièvre des tranchées urbaines », des infections borréliennes, le typhus. Ce sont des maladies réémergentes. Selon les données d'une étude récente, un tiers des SDF aurait développé « une fièvre des tranchées urbaines ». Ces insectes se nichent dans les coutures des vêtements et en sortent pour aller se gorger de sang. Dans les camps de réfugiés, le seul moyen d'en arriver à bout est de brûler les vêtements.
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