Antiquités
C'est en dessinateur que le Catalan aborde l'argile fraîche : il trace à la pointe sur la surface molle des plats et des assiettes, des visages, des oiseaux, des taureaux, des poissons, des héros mythologiques, qu'il peint aux couleurs des émaux céramiques. Puis le peintre se fait potier, tournant et façonnant des formes qu'il assemble ensuite pour créer des vases, des pichets en forme d'oiseaux, de bustes féminins, de têtes, de sphinx. Les « pots structuraux », zoomorphes ou anthropomorphes, sont des uvres hybrides, formées d'assemblages de morceaux tournés et modelés.
Chez Picasso, la quantité va de pair avec la qualité : son uvre céramique se compose d'environ 3 000 modèles. Édités chacun entre 25 et 100, voire 200 exemplaires pour les plats et assiettes, ils sont un bon moyen d'aborder l'artiste en collectionneur et sans se ruiner.
Ces « empreintes originales et répliques authentiques limitées » sont le monopole de l'atelier Madoura, selon des procédés exclusifs et différents, selon qu'il s'agit d'un objet plat ou d'une pièce de forme. Les premières sont obtenues par estampage sur une matrice de plâtre gravée du motif original, et émaillées ensuite à la main. Elles portent la mention « empreinte originale de Picasso ». La réplique des pièces de forme est plus compliquée : elles sont reproduites manuellement par report exacte des volumes et qualifiées de « répliques authentiques ». Les unes et les autres sont signées d'un monogramme, du cachet de l'atelier et du numéro du tirage. L'édition des plats et assiettes est moins limitée que celle des vases et pichets.
Trente ans après la mort du peintre, les quotas autorisés sont désormais atteints et Madoura cesse donc sa fabrication, ce qui devrait provoquer une rapide montée des prix.
De cette production pléthorique, l'expo de L'Arc en Seine n'a retenu que dix pièces de forme, toutes exécutées du vivant de l'artiste et sous son contrôle, entre 1951 et 1965. Des objets rares, dont la palette limitée aux blancs, bruns et ocre, met en valeur la recherche des formes et la pureté des graphismes. Daté de 1951, ce « Grand Oiseau au visage noir » est le plus ancien. On appréciera aussi la poésie discrète du « Vase aux chèvres » de 1952, l'humour de « la Chouette ébouriffée » de 1955 et l'originalité du pichet « Tarasque », non daté mais quasi unique, qui pointe avec impertinence ses gros yeux et son nez pointu.
« Picasso céramiste ». Galerie L'Arc en Seine, 33, rue de Seine, 75006 Paris. Jusqu'au samedi 30 novembre. Ouvert chaque jour, sauf dimanche et lundi matin, 11 h-13 h et 14 h-19 h, entrée libre.
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