DE NOTRE CORRESPONDANTE
PARMI LES GRAISSES polyinsaturées figurent deux sous-classes importantes d’acides gras : les oméga 3 et les oméga 6. Les huiles végétales sont riches en acides gras oméga 6, et les Européens en consomment beaucoup. A l’opposé, les acides gras oméga 3 sont souvent absents de notre alimentation ; on les trouve dans le poisson, les crustacés, le tofu, les amandes, les noix, ainsi que dans certaines huiles végétales comme les huiles de graines de lin, de noix ou de colza.
Les alimentations dont le rapport oméga 6/oméga 3 est élevé (le rapport optimal est de 5, mais il est souvent de 20) pourraient contribuer à de nombreuses maladies : maladie coronarienne, cancer, diabète, arthrite, dépression.
Protection pour les artères et le coeur.
En effet, les acides gras oméga 3, considérés comme essentiels puisqu’ils ne peuvent pas être synthétisés par l’organisme, sont, par diverses actions, protecteurs pour les artères et le coeur. Ils joueraient également un rôle dans les fonctions visuelle et cérébrale ; ils pourraient aider à prévenir la dégénérescence maculaire et être bénéfiques dans la dépression. D’autres études semblent mettre en valeur leur rôle dans le système immunitaire, et suggèrent leur influence positive sur la polyarthrite rhumatoïde, l’asthme, le lupus, les maladies rénales et les cancers.
«Tandis que le poisson, en particulier le saumon et le thon, représente l’une des meilleures sources alimentaires d’acides gras oméga 3, il est conseillé de limiter la consommation de poisson (deux fois par semaine) en raison d’une contamination potentielle par le mercure», souligne le Dr Yifan Dai, chirurgien à l’institut de transplantation Thomas Starzl de l’université de Pittsburgh, qui a dirigé le nouveau travail. «Ces porcs transgéniques pourraient représenter une source alternative, ainsi que fournir un modèle idéal pour étudier la maladie cardio-vasculaire et la maladie auto-immune.»
«Du bétail présentant un bon rapport oméga 3/oméga 6 pourrait être une stratégie prometteuse pour rééquilibrer l’alimentation moderne sans reposer uniquement sur le poisson ou les suppléments», ajoute un autre membre de l’équipe, le Dr Jing Kang, du Massachusetts General Hospital (Boston).
Le Dr Kang et son équipe avaient créé en 2004 le premier mammifère riche en oméga 3, une souris transgénique porteuse du gène fat-1, un gène trouvé chez le ver C.elegans (« Nature » 2004).
Comme l’expliquent les chercheurs dans la revue « Nature Biotechnology », si la viande de bétail contient un rapport élevé n-6/n-3, c’est parce que l’alimentation du bétail repose principalement sur des graines riches en acides gras n-6, mais déficientes en acides gras n-3. De plus, le bétail ne peut pas convertir les acides gras n-6 en acides gras n-3, puisqu’il ne dispose pas d’un gène de la désaturase des acides gras n-3, comme le gène fat-1 trouvé chez le ver C.elegans. Pour stimuler la production d’acides gras oméga 3 chez les porcs, les chercheurs, sous la direction du Dr Dai, ont transféré le gène fat-1 humanisé dans des fibroblastes de foetus porcins, les cellules qui donnent naissance au tissu conjonctif.
L’équipe du Dr Randall Prather (université du Missouri-Columbia) a ensuite utilisé ces fibroblastes transfectés pour cloner, par méthode de transfert nucléaire, des porcs transgéniques hfat-1.
Environ 8 % d’acides gras n-3.
L’analyse tissulaire de ces porcins transgéniques met en évidence une concentration enrichie en acides gras n-3. Tandis que la graisse de porc normal ne contient qu’environ 1 % d’acides gras n-3 (avec 15 % d’acides gras n-6 et 40 % d’acide oléique), la graisse musculaire des porcins transgéniques contient environ 8 % d’acides gras n-3.
Des études supplémentaires sont nécessaires pour savoir si ces porcs transgéniques seront bons pour la consommation humaine. Plusieurs questions se posent, notamment celle du goût.
En attendant, ces animaux constitueront un excellent modèle animal pour examiner les bénéfices des acides gras oméga 3 sur l’organisme. Les porcs ont en effet une physiologie similaire à celle des humains.
Le Dr Laughlin de l’université du Missouri-Columbia, qui utilise actuellement le porc pour étudier les bénéfices cardio-vasculaires de l’exercice, envisage d’intégrer ces porcs transgéniques à ses travaux, afin de savoir dans quelle mesure des taux plus élevés d’oméga-3 et d’exercice pourraient affecter le système cardio-vasculaire.
Lai et coll « Nature Biotechnology », 26 mars 2006, DOI : 10.1038/nbt1198.
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