LES POMMES et les cerises aigres seraient-elles les ingrédients de base d'une recette permettant de prévenir les maladies cardio-vasculaires, le diabète et bien d'autres pathologies associées à l'obésité ? C'est en tout cas ce que suggèrent deux études présentées à San Diego en début de semaine, lors du congrès Experimental Biology 2008.
Victor Fulgoni et coll. ont analysé l'effet de la pomme sur la santé cardio-vasculaire au travers des données recueillies lors de deux vastes études sur l'alimentation des américains. Cette analyse a montré que les adultes qui mangent régulièrement des pommes (ou des produits dérivant de la pomme, comme des jus ou de la compote) voient leur risque de syndrome métabolique diminué de 27 % par rapport à ceux qui n'en mangent jamais. La consommation régulière de pommes est associée à une diminution de plus de 30 % du risque d'hypertension artérielle et à une réduction de plus de 20 % de celui d'avoir un tour de taille anormalement élevé. Les mangeurs de pommes ont, en outre, un taux de protéine C réactive plus bas que les autres.
Comment la pomme agit-elle sur l'ensemble de ces facteurs de risque ? L'effet est peut-être indirect : les grands consommateurs de pommes sont le plus souvent des personnes qui ont une alimentation équilibrée, riche en fruits, en fibres, en vitamines, en calcium et en potassium, et pauvre en lipides et en sucre ajouté.
Une poudre mélangée à une alimentation riche en lipides.
Mitchell Seymour et coll., de l'université du Michigan, se sont quant à eux intéressés aux cerises aigres. Les chercheurs avaient déjà observé que l'administration quotidienne du fruit associée à un régime pauvre en lipides induit une diminution significative du risque cardio-vasculaire chez le rat génétiquement susceptible à ce type de pathologies.
L'équipe a décidé de poursuivre ces travaux en étudiant l'effet des cerises aigres chez des rats cette fois-ci prédisposés à l'obésité. Le fruit a été administré aux animaux sous la forme d'une poudre mélangée à une alimentation enrichie en lipides. La quantité de cerises quotidiennement ingérées par les rats au cours de cette étude correspondrait à une tasse et demie de fruit si la même expérience devait être menée chez l'humain.
L'expérience a montré que la consommation de cerises aigres associée à un régime riche en graisses prévient l'obésité : après 90 jours de régime gras, les rats qui ont mangé des cerises sont significativement moins gros que les rats témoins qui n'en ont pas reçu. Les rats qui ont bénéficié de la poudre de fruit présentent en particulier beaucoup moins de graisse abdominale que les animaux témoins. En outre, ces animaux montrent une plus faible concentration plasmatique en cholestérol, en glucose et en triglycérides que les témoins. Enfin, les résultats du dosage plasmatique du TNF-alpha et l'interleukine 6 suggèrent que les cerises aigres protègent également du risque inflammatoire.
Probable médiation par l'anthocyanine.
L'ensemble de ces effets bénéfiques est probablement médié par l'anthocyanine, un antioxydant présent en grande quantité dans la cerise aigre. Des expériences complémentaires se fondant sur l'administration du composé purifié devraient prochainement être menées afin de vérifier cette hypothèse.
Seymour et coll. envisagent, en outre, de démarrer très prochainement un essai clinique visant à évaluer l'intérêt d'une consommation régulière de cerises aigres chez l'humain.
Contre le cancer aussi
Une étude, publiée dans le « Journal of Agricultural and Food Chemistry », indique que la peau des pommes contiendrait une douzaine de substances antitumorales de la famille des triterpénoïdes. Trois d'entre elles n'ont jamais été décrites auparavant.
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