AU BRÉSIL, où 40 % de la population vivent dans des bidonvilles, l'incidence de la leptospirose augmente régulièrement en raison des contacts proches entre les habitants et les rats. Dans ce pays, on recense chaque année plus de 10 000 infections, dont de 10 à 50 % de formes graves selon l'âge, qui peuvent entraîner le décès par insuffisance rénale ou hémorragie pulmonaire.
Pour imaginer une piste vaccinale contre le spirochète, les chercheurs de la fondation Cruz et de l'Institut Pasteur ont eu l'idée de suivre pendant cinq ans une population de 14 000 habitants des favellas pour mieux comprendre la physiopathologie de la maladie. Ils ont simultanément entrepris un séquençage du génome du spirochète afin d'en étudier les facteurs de virulence.
C'est grâce à ces études menées conjointement qu'ils ont pu identifier un nouveau représentant de la superfamille des immunoglobulines responsable de la virulence bactérienne : les protéines Leptospire Lig-like. Elles induisent, chez les patients infectés, une réponse immunitaire importante par le biais d'une sécrétion d'anticorps. Les protéines Lig-like sont corrélées à la virulence bactérienne et ne sont exprimées que par les souches pathogènes.
L'équipe du Dr Albert Ko a ensuite mis au point un vaccin capable de provoquer une immunisation grâce à un fragment d'une des deux protéines Lig-like – Lig-B – et à un adjuvant aldhydrogel. L'immunisation à partir du fragment N terminal de la protéine Lig-B induit une immunité stérilisante chez le hamster vacciné par deux doses espacées d'une semaine et suivies, 28 jours après, d'une contamination létale. Le transfert passif du sérum des animaux vaccinés permet lui aussi une protection contre des doses bactériennes létales, ce qui tend à prouver que les anticorps obtenus par la vaccination peuvent être transférés passivement.
Des études humaines devraient rapidement être mises en place, notamment au Brésil, dans les populations les moins favorisées qui courent le plus grande risque d'infection environnemental dans les prochaines années.
Leishmaniose.
Pour mettre au point un vaccin contre la leishmaniose, l'équipe de l'institut Pasteur de Tunis a d'abord cherché à élucider le mécanisme de la réponse immunitaire cellulaire contre le parasite. L'existence de cellules T cytotoxiques spécifiques chez les sujets déjà atteints et résistants à l'agent infectieux tend à prouver que ce mécanisme est particulièrement impliqué dans les phénomènes effecteurs.
L'équipe du Dr Hechmi Louzir a isolé 33 gènes majeurs du parasite codant pour des protéines qui sont relarguées à pH et à température humaine qui correspondent aux conditions de vacuolisation phagolysosomale. Ces protéines semblent générer des peptides impliqués dans la présentation des cellules CD8 + et elles pourraient représenter une cible de la réponse immune cytotoxique.
L'équipe tunisienne a utilisé une approche informatique pour identifier les gènes candidats les plus prometteurs d'interaction avec le système immunitaire parmi les 34 protéines potentielles excrétées ou sécrétées. Parmi ces cibles, 20 ont été retenues en raison de leur interaction possible avec la molécule HLA-A*0201. Puis, à partir de ces données, ils ont synthétisé 78 peptides dotés d'une affinité avec HLA-A*0201 en présence de molécules HLA-A2 de la lignée cellulaire T2.
Ils ont ensuite évalué grâce à des techniques ELISA la production de granzyme B dans les cellules nomonucléaires du sang périphérique de 10 sujets déjà immunisés par une infection préalable afin de disposer d'un indicateur de la réponse T cytotoxique. Le Dr Louzir a retenu les 21 peptides qui induisent la réponse la plus positive et qui dérivent de 5 protéines excrétées ou sécrétées différentes.
Un travail rétrospectif a, en outre, montré que ces peptides sont particulièrement présents au sein des vacuoles phagolysosomiales et qu'ils induisent une réponse CD4 et CD8 particulièrement importante.
Aujourd'hui, l'équipe travaille sur la régulation des cellules T et NK et sur les mécanismes de génération des lymphocytes T mémoire. De ce travail devraient dériver les premiers essais vaccinaux animaux et humains.
Congrès : La recherche sur les maladies infectieuses: un défi planétaire, 120 e anniversaire de l'Institut Pasteur.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature