La lutte contre la douleur est plus que jamais au coeur de la réflexion et des actions qui sont menés au sein de l’institution médicale. Depuis sa création en 2003, le plan Cancer a fait de ce thème l’un des ses objectifs forts. Parallèlement, le développement des réseaux de soins devra aboutir à l’élaboration de réponses efficaces en termes de structuration et de rationalisation de la prise en charge spécifique de la douleur. Le point avec les Drs Claire Delorme et Thierry Delorme.
Si l’heure n’est pas encore à faire les comptes ou à tirer des enseignements relatifs à la mise en place de ces différentes mesures, il n’en reste pas moins fort intéressant de sonder l’état de la dynamique actuelle en la matière. Dans le cadre du plan Cancer, la mesure 42 prévoit pour les patients l’accroissement des possibilités de pouvoir bénéficier de soins de support et insiste notamment sur le développement de la prise en charge de la douleur et du soutien psychologique et social. Elle doit s’inscrire en complémentarité de la mesure 43 concernant les soins palliatifs et s’appuyer sur les organisations, institutions et acteurs existants.
Tous les acteurs sont mobilisés.
Le premier objectif est donc d’appréhender la douleur dans sa dimension la plus large possible, sans ne plus rien négliger, du début jusqu’à la fin de la maladie : douleurs non plus seulement liées à la maladie mais également séquellaires, composantes psychologique et affective de la douleur physique accompagnement en fin de vie, etc. Tous les acteurs de la chaîne médico-sociale sont ainsi mobilisés après avoir été préalablement sensibilisés à cette notion de prise en charge globale de la personne malade.
Le deuxième objectif est tout aussi ambitieux : faire en sorte que toute personne, quel que soit l’endroit où elle se trouve, puisse bénéficier de soins de support et d’un accompagnement approprié dans la prise en charge de la douleur. Tendre vers plus d’équité signifie non seulement que personne ne doit pâtir de sa locali sation géographique, mais également que l’information doit être partagée, dispensée et diffusée de manière identique pour tout le monde. C’est le rôle des centres de coordination en cancérologie (3C) qui, à l’échelon local, vérifient que l’information due aux patients et aux médecins traitants a bien été transmise oar les équipes soignantes, les établissements de soins et les structures d’information spécifique (ERI, Allô écoute cancer). Ils évaluent par ailleurs les pratiques professionnelles et proposent une démarche qualité pour optimiser la prise en charge, notamment de la douleur. D’autre part, la volonté de mise en phare de la coordination des soins. En amont, l’InCa établira des référentiels de prise en charge et d’organisation qui seront ensuite adaptés au niveau régional.
Au coeur des réseaux.
D’ail-leurs, pour le Dr T. Delorme, «le véritable noeud de la prise en charge se situe au coeur des réseaux où tout va réellement se coordonner».
En partant du constat que, la plupart du temps, une mauvaise prise en charge de la douleur était le fait de dysfonctionnements organisationnels et d’un manque de liant entre tous les professionnels de la chaîne de soins, comme c’est souvent le cas avec un médecin traitant qui doit faire face en urgence à une douleur chez un de ses patients cancéreux qu’il n’a pourtant plus vu depuis quelques mois, il est apparu urgent de mettre en place des réseaux de soins dans lesquels chacun est invité à s’impliquer pleinement.
Créer une dynamique.
Pour le Dr C. Delorme, «un réseau de soins est une dynamique organisationnelle entre les acteurs de santé qui a pour but d’assurer une meilleure orientation du patient, de favoriser la coordination, la continuité des soins et de délivrer des soins de proximité de qualité». Ses objectifs sont avant tout de replacer le patient au coeur du système de soins en privilégiant l’égalité, l’accessibilité et la continuité des soins, mais aussi de rompre l’isolement des professionnels et d’utiliser au mieux les installations et les compétences locales.
Enfin, et dans l’optique de développer chez tous les acteurs la « culture douleur », ses actions se portent également vers la formation et l’information. Concrètement, «n’importe quel professionnel doit pouvoir savoir à qui adresser un patient qui souffre», souligne le Dr C. Delorme avant de rappeler que «lorsqu’on se connaît, on se fait confiance, on anticipe les soins et on est à même de proposer des recours efficaces et rapides». Repérer les compétences, les fédérer et les utiliser au bon moment permet de rompre les barrières et les isolements et potentialise les actions à mener au service des patients. Encore faut-il que cette envie initiatrice puisse être relayée par un réel engagement et une volonté commune de pérenniser des structures qui ne demandent qu’à vivre.
D’après un entretien avec le Dr Claire Delorme (chef de l’unité douleur à l’hôpital de Bayeux, responsable du réseau régional douleur et chargée de la coordination des réseaux douleur-soins palliatifs-cancérologie et de la réflexion sur les moyens organisationnels pour la prise en charge de la douleur des patients atteints du cancer à l’InCa) et le Dr Thierry Delorme (médecin dans le département interdisciplinaire des soins de support pour le patient en oncologie (Disspo) à l’Institut Curie de Paris).
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