Qu'est-ce qu'un cosmétique?
Un cosmétique correspond à la définition suivante : «Toute substance ou préparation autre que les médicaments destinée à être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain ou avec les dents ou muqueuses en vue de les nettoyer, de les protéger ou de les maintenir en bon état, d'en modifier l'aspect, de les parfumer ou d'en corriger l'odeur» (article L65P81).
Différents types de réactions cutanées
– L'utilisation de substances irritantes sur certaines peaux peut entraîner l'apparition d'une dermite d'irritation, sans mécanisme allergique. Ce sont surtout les savons, les shampooings, les déodorants. Les dermocorticoïdes ne sont pas indiqués comme traitement, puisqu'ils risquent de fragiliser encore un peu plus la peau.
– L'eczéma de contact, par contact direct ou manuporté, par procuration (réaction à un produit utilisé par le conjoint) ou par voie aéroportée, fait suite à une période de sensibilisation allant parfois jusqu'à plusieurs années. Le prurit est toujours présent.
– L'urticaire de contact est souvent secondaire à la présence de protéines alimentaires (arachide ou sésame) contenues dans certaines préparations de cosmétiques.
Le diagnostic
1. Le siège d‘application du cosmétique et des lésions d'eczéma, précisé par l'interrogatoire, peut parfois orienter le diagnostic. Les crèmes de jour, le maquillage, les collyres, les vernis à ongles, les parfums, les teintures sont incriminés en cas d'eczéma des paupières. Sur les lèvres, le baume du Pérou contenu dans les sticks pour lèvres est souvent cité.
2. Les patchs-tests sont effectués avec les différentes batteries disponibles européennes : Icdrg*, parfums, arômes, antiseptiques conservateurs et produits apportés par le patient. La lecture classique à la 48e, 72e ± 96 heures est impérative. La pertinence clinique est toujours nécessaire pour porter un diagnostic positif. Chez l'enfant, les tests seront limités à 10 ou 15 selon l'âge.
3. Les produits « agressifs » (mascara, dentifrice, mousse à raser) sont testés, purs ou dilués, sous la forme tests « ouverts » sur l'avant-bras, pour éviter les réactions irritatives ++++.
4. Le test d'application répété (ROAT) est effectué par le patient avec le produit cosmétique suspect. Il est appliqué au même endroit sur le pli du poignet ou du coude, matin et soir, durant deux à trois semaines. Si l'eczéma apparaît au site d'utilisation, le test est considéré comme positif.
5. Les tests en pricks aux trophallergènes sont nécessaires en cas de suspicion d'urticaire de contact aux protéines végétales.
Les produits les plus souvent cités
Les parfums sont les premiers allergènes responsables. Environ 26 molécules sont identifiées comme allergisantes. Trois tests de la batterie standard européenne Icdrg permettent d'orienter le diagnostic vers une allergie aux parfums : fragrance-mix, baume du Pérou et colophane. Les localisations préférentielles restent le visage, le cou, les paupières, les aisselles ; les poignets et les zones rétro-auriculaires…
Les conservateurs sont utilisés pour leur propriété antimicrobienne et antifongique. Les plus connus sont le Kathon CG (méthylchloroisothiazolinone), l'Euxyl K 400 (association de phénoxyéthanol et de méthyldibromoglutaronitrile), les parabens, le formaldéhyde et les libérateurs de formol : Quaternium 15, imidazolidinyl urée (Germall 115), etc.
Les excipients comme la lanoline et son dérivé l'Amerchol L 101 (extraits de la graisse de mouton), le propylène glycol, le cocamidopropylbétaïne, les teintures capillaires dont fait partie le paraphénylène diamine (PPD) à l'origine d'eczéma de contact lors de colorations chez le coiffeur, mais aussi dans certains tatouages temporaires.
Les résines des vernis, avec la résine paratoluène sulfonamide, sont à l'origine d'eczéma manuporté sur le visage, les paupières ou la région cervicale.
Les filtres solaires peuvent aussi être à l'origine d'allergie cutanée.
* International Contact Dermatitis Research Group (Icdrg).
Urticaire
Une patiente présente à l'application d'une crème solaire une urticaire localisée. Certaines crèmes hydratantes entraînent les mêmes symptômes. Les tests cutanés montrent une hypersensibilité au phénoxyéthanol (le laboratoire concerné a fourni toutes les composantes de la crème incriminée) : urtication observée huit minutes après l'application locale sur la peau.
En cas de dermite allergique, une déclaration auprès du réseau de vigilance en dermato-allergologie (Revidal) est conseillée.
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