La moitié de la population mondiale a moins de 25 ans. D'où, selon le Dr Marie-Claude Tesson-Millet, fondatrice de l'association Equilibres et Populations - et du « Quotidien du médecin » -, « la nécessité de sensibiliser les jeunes aux nouveaux risques liés à la santé et à la pauvreté et qu'ils vont devoir affronter dans un monde en changement. Pour que l'aide au développement soit pour eux une priorité, il faut promouvoir des projets concrets qui font apparaître les liens entre le Nord et le Sud. »
Pour nouer ce lien, c'est la photographie qui a été choisie. Ainsi, 34 écoles de France et de six pays d'Afrique (Bénin, Burkina-Faso, Mali, Niger, Togo et Sénégal) ont tenu pendant un an une correspondance photographique sur les thèmes de la santé et de l'éducation. Au final, un album d'une quarantaine de photos présentées sous une forme de diptyques et accompagnées de courts textes écrits par les élèves. Photographier son environnement a appris aux enfants à avoir un regard différent sur leur cadre de vie et a permis de faire voler en éclats les clichés sur celui des autres.
« L'impact a été très fort en Afrique : beaucoup d'enfants n'avaient jamais utilisé d'appareil photo, explique Aurélie Gal, responsable du projet. Le fait de prendre des photos est un moyen de s'approprier des thématiques de sensibilisation. »
Loin des clichés misérabilistes, les images montrent des réalités à la fois proches et lointaines. « Je pense qu'il n'y a pas tant de différences entre nous », souligne un enfant sénégalais dans un témoignage lu par une élève de cinquième du collège Chappe de Paris. « Nos élèves ont été très surpris par la qualité des photos et des textes des enfants africains, raconte Sylvie Benoist, professeur documentaliste du collège Edouard-Queau de Portsall, en Bretagne. Leurs témoignages sont sans doute plus forts que les nôtres car ils sont confrontés à des problèmes autrement plus cruciaux que les nôtres. » Les élèves africains sont dépités d'apprendre que leurs correspondants « n'aiment pas l'école » alors qu'ils parcourent parfois plusieurs kilomètres à pied pour s'y rendre. Embarras des collégiens français.
Le projet a été parrainé par deux photographes professionnels. L'un est français, Yann Arthus-Bertrand : « Prendre des photos permet de faire, de voir des choses qu'on n'aurait pas vues sans cela. » L'autre est ivoirien, Ananias Leki Dago, rencontré presque par hasard par Aurélie Gal lors de ses premières prises de contact. « Le canal de cet échange, la photographie, un moyen de communication sans frontières », affirme-t-il. L'album est vendu au prix de 15 euros et les bénéfices permettront le financement de microprojets de développement dans les écoles africaines partenaires : création d'une bibliothèque, mise en place d'une infirmerie, plantation d'un potager scolaire et construction en dur de bâtiments scolaires en bois régulièrement ravagés par les feux de brousse.
L'album « Et change de regard », tiré à 7 000 exemplaires, est disponible au prix de 15 euros dans certaines librairies, dont celles du réseau FNAC, et par correspondance au siège de l'association Equilibres et Populations, 205, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris, tél. 01.53.63.80.40, info@equipop.org, www.equipop.org.
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