DEPUIS 1995, aucune donnée sur la prévalence de la tuberculose n'a été publiée en France et aucune évaluation du dépistage systématique à l'entrée n'a été réalisée. Pour combler en partie cette lacune, Amandine Cochet et Hubert Isnard (cellule interrégionale d'épidémiologie d'Ile-de-France) ont réalisé une étude prospective dans les neuf maisons d'arrêt d'Ile-de-France, dont les résultats sont publiés cette semaine dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ».
Comme on pouvait s'y attendre, la tuberculose est beaucoup plus fréquente chez les détenus que dans la population générale : chez les 22 450 personnes incarcérées entre le 1er juillet 2005 et le 30 juin 2006 dans les maisons d'arrêt franciliennes, 26 cas ont été identifiés (16 dépistés à l'entrée, 8 arrivés en prison avec un diagnostic déjà établi et 2 cas diagnostiqués au cours de l'incarcération, sans notion de contact avec un détenu tuberculeux). Soit 106,9 cas pour 100 000 détenus, contre 19,7 pour 100 000 habitants d'Ile-de-France en 2005.
Les patients tuberculeux, comparés à la population carcérale, sont plus fréquemment originaires de pays endémiques (Afrique, Europe de l'Est) et ont un plus faible niveau d'étude ; ils n'ont un domicile fixe que dans un cas sur deux et sont en situation de récidive dans deux cas sur trois : on retrouve ainsi chez les détenus les facteurs de risque favorisant une fréquence élevée de tuberculose.
La prise en charge de la maladie pendant l'incarcération est, notent les auteurs, conforme aux bonnes pratiques, qu'il s'agisse du dépistage ou du traitement. En revanche, le suivi et la poursuite du traitement après libération se heurtent à de nombreuses difficultés, avec un grand nombre de patients non revus par les centres de santé auxquels ils ont été adressés, et donc un risque présumé élevé d'arrêt de traitement qui peut favoriser l'émergence de résistance aux antibiotiques. Un constat qui rejoint celui fait par une étude sur la tuberculose dans les prisons européennes et valable aussi pour d'autres maladies chroniques (infection par le VIH, hépatite C…). Des mesures sont recommandées pour permettre un meilleur suivi, notamment préparer la sortie en veillant à ce que les ex-détenus disposent d'une assurance-maladie et d'un logement.
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