Le Temps de la Médecine
DANS LE MILIEU médical, une anecdote est célèbre. C'est l'histoire de ce patient qui, souffrant du pied droit, n'avait lavé que celui-là avant la consultation et s'est trouvé embarrassé lorsque le praticien lui a demandé de retirer la chaussette gauche dans un but d'examen comparatif.
Cela rappelle à un médecin de la région parisienne le cas de cette patiente qu'il suivait au plan gynécologique. « Si elle n'omettait pas de se laver avant son frottis annuel, elle ne pensait pas qu'elle devrait se déchausser...Et là, odeurs et spectacle étaient au rendez-vous. »
Toujours à propos de pieds, il se souvient aussi être arrivé au domicile de patients pris par une discussion animée. Le thème du débat : « N'est-ce pas, Docteur, qu'il faut se laver les pieds une fois par semaine ? » Répondant que c'était bien un minimum, il n'a jamais su quelle fréquence était attribuée au reste du corps par ses patients.
Remontant un peu sur la jambe, un autre médecin de la région parisienne, évoque un souvenir d'enfance. En vacances, en Limousin, elle conserve présente à l'esprit l'image de ce vieux monsieur (en tout cas à ses yeux de l'époque), dont les poules picoraient les vers qui avaient colonisé un ulcère de jambe.
Toujours à la campagne, le Dr F. B. évoque son premier remplacement dans les Ardennes. Appelée au domicile d'un patient qui vivait seul, elle arrive dans un taudis immonde. Le patient, entouré de quelques amis avec qui il jouait aux cartes, refuse tout d'abord de se déshabiller pour être ausculté. « Ce qui, tout compte fait, ne m'a pas déplu. » A la fin de la consultation, le patient, trop heureux d'avoir été examiné par « une aussi charmante jeune fille », lui propose, ainsi qu'à ses amis un verre de gnôle. Inquiétude du Dr B. Il sort alors un verre apparemment propre et dans un but ostensible d'hygiène va chercher un torchon innommable avec lequel il essuie consciencieusement le récipient. « Après tout, ai-je pensé, l'alcool désinfectera le verre. » De fait, le tord-boyau était si violent qu'aucun symptôme intestinal n'est apparue dans les jours suivants. Il n'en est pas allé de même pour son estomac.
Cette gnôle lui a servi à une autre reprise. Au cours de ce fameux remplacement, le Dr F. B. est appelée au domicile d'une vieille dame blessée au front. Elle découvre au fond d'une salle unique, au sol en terre battue sur lequel batifolent des poules, la patiente allongée sur son lit. La décision est rapide, il faut suturer. Pas d'alcool, pas de désinfectant, pas de coton ou de compresse sous la main. Un chiffon douteux imprégné du fameux alcool local a fait l'affaire. « Les suites ont été simples, se rappelle le Dr B., aucune infection n'est survenue. »
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