Y A-T-IL UN SCANDALE de la radiothérapie dans la Charente et plus spécialement à Angoulême, chef-lieu du département ? Oui, si l'on en croit le quotidien « la Charente Libre », qui a publié plusieurs articles sur ce sujet. Le journal donne, dans son édition du 9 mai, la parole à des patients atteints de cancer qui affirment qu'ils sont désormais livrés à eux-mêmes et ont les pires difficultés pour suivre les séances de radiothérapie que leur médecin leur a prescrites.
Non, si on écoute la directrice de l'agence régionale de l'hospitalisation, Marie-Sophie Desaulle, et le directeur de l'hôpital Girac d'Angoulême, Thierry Schmidt, qui, tout en reconnaissant des difficultés récentes, affirment que tout patient envoyé par son médecin ne se heurtera à aucune difficulté pour suivre des séances de chimiothérapie ou de radiothérapie à l'hôpital.
Reste que l'on observera qu'un récent conflit a opposé l'hôpital à la clinique Sainte-Marie (le centre Clinicat) et que l'établissement public a dénoncé la convention qui le liait à la société d'exercice libéral à responsabilité limité (SELARL) des deux praticiens qui exerçaient dans le cadre de la clinique. Ce qui a conduit d'ailleurs cette société à déposer le bilan. Conséquence, un certain nombre de patients suivis par ces médecins sont aujourd'hui en plein désarroi et dénoncent une situation qui conduit, disent-ils, à ce qu'ils soient privés des soins que nécessite leur état de santé. «Nous sommes en rupture desoins», s'exclament certains d'entre eux dans le quotidien local.
Pour un médecin de la clinique qui suit cette affaire de près, mais qui n'y est pas directement mêlé, la situation est dramatique. «Il est clair, dit-il, que des problèmes de personnes, des incompatibilités d'humeur entre des médecins du service de radiothérapie de l'hôpital et les praticiens de la clinique ont contraint la direction de l'hôpital à dénoncer la convention. Mais cela se fait au détriment des patients; plus grave, encore, les deux appareils dont dispose l'hôpital ne pourront suffire au traitement de tous les malades qui seront envoyés par leur médecin.»
Rassemblement devant la préfecture.
Conséquence, insiste encore ce praticien de la clinique, un certain nombre de patients devront se tourner vers les hôpitaux de Bordeaux et de Poitiers, villes qui se situent toutes les deux à plus de cent kilomètres d'Angoulême.
Un scénario catastrophe réfuté par le directeur de l'hôpital. «Nous n'avons et nous n'aurons aucune difficulté à recevoir les malades qui seront envoyés par leur médecin, insiste Thierry Schmidt. La continuité des soins sera assurée. Sans délais d'attente supplémentaire.»
Le service de radiothérapie qui recevait aux heures normales d'ouverture, poursuit-il, 65 patients par jour peut accueillir 90 malades, «sans problèmes particuliers, en tout cas qui ne soient pas insurmontables, et sans qu'il soit besoin d'une troisième machine».
Enfin, le directeur de l'hôpital affirme qu'il est en fréquent contact avec la direction de la clinique et l'agence régionale de l'hospitalisation pour qu'aucun malade ne souffre de la situation.
La directrice de l'ARH, Marie-Sophie Desaulle, est en tout cas encore plus catégorique. «Il est faux de dire que des malades sont en rupture de soins et n'ont pas accès aux services de radiothérapie de l'hôpital. Ce sont de fausses informations», assure-t-elle même . Le journal local et les patients qui ont témoigné apprécieront.
En tout cas, le raisonnement n'a guère convaicu les associations de patients du département. Ainsi, le comité interassociatif sur la santé (CISS) de la région Poitou-Charentes, structure qui regroupe des associations de patients, organise aujourd'hui mercredi un rassemblement devant l'hôtel de ville d'Angoulême, puis devant la préfecture, pour sensibiliser l'opinion et les pouvoirs publics locaux, voire nationaux, à la situation.
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