CHAQUE ANNEE, en France, le cancer du col de l'utérus touche 3 500 femmes et en tue 1 000. Dans le monde, ce sont plus de 280 000 vies qui sont menacées. A l'initiative de Françaises personnellement concernées, l'association 1 000 femmes, 1 000 vies vient d'être créée. Son intitulé se veut à la fois un SOS et un appel à la mobilisation. Elle organisait hier un colloque à l'Unesco, à Paris, en présence de spécialistes et sous la présidence d'honneur de Simone Veil, pour mieux comprendre les enjeux de la maladie et faire un point sur la prévention. 1 000 femmes, 1 000 vies, qui souhaite rallier sous sa bannière des milliers d'autres combattantes pour sauver des vies et épargner des souffrances, entend aider à «rétablir une plus grande clarté sur les risques liés aux infections par le Papillomavirus, favoriser la circulation d'informations fiables et sensibiliser les autorités sanitaires à la nécessité d'un égal accès aux moyens de prévention, de vaccination et aux tests de dépistage».
Pour le Dr Joseph Monsonego, de l'institut Fournier, à Paris, président d'honneur de la toute nouvelle organisation, qu'il a «aidée à émerger», c'est un vaste chantier qui relève de la santé publique. Les chiffres sont parlants (données 2004 de l'Institut national du cancer) : 8 ou 9 décès pour 100 000 femmes, 40 000 lésions précancéreuses, 30 000 séjours hospitaliers, 35 000 interventions chirurgicales, 25 000 conisations et 5 000 hystérectomies. Malgré le dépistage des lésions précoces par frottis, le cancer du col de l'utérus reste la deuxième cause de mortalité dans la population féminine de 20 à 44 ans, après celui du sein. Les traumatismes sont parfois lourds à la suite d'interventions chirurgicales. La conisation au bistouri à froid, avec ses conséquences potentielles, ou diverses autres techniques susceptibles de déclencher des effets à la naissance (prématurité) ou lors du travail multiplient les risques encourus de 1,3 à 2,9.
Depuis novembre dernier, la mise sur le marché du Gardasil (sanofi-Pasteur-MSD) ouvre des perspectives prophylactiques. «La fin d'un cancer? Les espoirs de la vaccination contre les Papillomavirus », pour reprendre le titre du dernier ouvrage du Dr Monsonego publié, au début mars, aux éditions Bernard Grasset. Son remboursement pourrait intervenir en juin. A l'automne, il y en aura un deuxième : le Cervarix, de GSK. Le spécialiste, qui a coordonné les essais cliniques pour les deux vaccins, témoigne qu'ils sont «bien tolérés» et «très immunogènes». La direction générale de la Santé recommande une vaccination systématique à 14 ans, ainsi qu'un rattrapage pour les 15-23 ans vierges ou ayant des rapports depuis moins d'un an (« le Quotidien » du 20 mars). Pour les 20 à 65 ans, le dépistage, qui, «malgré ses failles», a permis de «transformer cette maladie mortelle en pathologie rare», reste de mise. Fondé sur les frottis tous les trois ans – les deux premiers à un an d'intervalle –, le dépistage nécessite «un respect du calendrier» et des tests d'une «grande sensibilité». Or ces derniers existent, «mais ils ne sont pas remboursés à ce jour», relève le Dr Joseph Monsonego, qui livre un formidable message d'espoir dans son ouvrage « la Fin d'un cancer ? »
* www.1000femmes1000vies.org., tél. 06.60.19.08.04.
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