LA POÉSIE n’est plus ce qu’elle était. Du moins, c’en est fini du carcan d’élitisme et de confidentialité où elle était cantonnée, elle explose désormais – un mouvement amorcé depuis une trentaine d’années – dans tous les sens. Les revues bien sûr jouent encore un rôle essentiel et rien encore ne remplace le livre, mais les séances de lectures publiques, les lieux qui lui sont exclusivement dédiés comme la Maison de la poésie à Paris* ou le Centre international de poésie à Marseille**, sans parler du slam, cette poésie improvisée ou préparée par le public, et d’Internet qui met en ligne des textes intégraux et téléchargeables gratuitement***, font aujourd’hui partie du paysage poétique.
L’édition 2006 du Printemps des Poètes inaugure une opération «Passeurs de poèmes», où chacun est invité à offrir un poème à la personne de son choix ; c’est ainsi que dix poètes et non des moindres ont été conviés à s’exprimer sur l’imaginaire de la ville : Marc Alyn, Tahar Ben Jelloun, Michel Butor, Bernard Chambaz, Andrée Chedid, William Cliff, Ludovic Janvier, Jean-Michel Maulpoix, Jacques Roubaud et André √Velter.
Les villes ont été également invitées à commander un poème inédit écrit tout particulièrement pour elles par un auteur reconnu ; ces poèmes sont téléchargeables sur www.printempsdespoetes.com. Lancée par une manifestation festive au lycée d’Alembert dans le 19e arrondissement de Paris, la manifestation se clôturera le samedi 11 mars à 15 heures au musée d’Orsay avec une lecture de ses poèmes par la chorégraphe Carolyn Carlson, avant une représentation en avant-première d’extraits de son spectacle « Double vision » associant danse, vidéo et poésie.
Au niveau national, la Fondation la Poste coédite 10 cartes postales imprimées à plus d’un million d’exemplaires avec des poèmes classiques et contemporains sur le thème de la Ville, diffusées par les facteurs partout en France. Quant à la SNCF, elle diffuse des messages sonores, extraits de poèmes, dans les grandes gares de France.
Anthologies et collection.
L’édition n’est pas en reste.
C’est ainsi que Seghers renoue avec une tradition longtemps pratiquée et abandonnée en 1977 : rassembler dans une anthologie le meilleur de la production poétique de langue française paru lors de l’année écoulée. Réalisée par Patrice Delbourg et Jean-Luc Maxence, «L’Année poétique 2005» réunit une centaine de poètes de tous bords, chacun faisant l’objet d’une notice biographique et littéraire.
Les éditions Seghers publient également « le Chant de Manhattan» de Jeanine Baude, de courts textes en prose qui sont une invitation au voyage dans une ville où tout est contrastes, mouvements, promiscuité de chair humaine dans un désert d’acier et de verre.
Une autre anthologie originale est proposée sous le titre «le Chant des villes» par le poète André Velter et le journaliste-écrivain Jean-Claude Perrier : un choix de 80 textes, en vers et en prose, récents ou très anciens, d’auteurs français ou étrangers qui célèbrent les villes du monde dont le nom chante à nos oreilles, d’Addis Abeba à Zanzibar, en passant par Darjeeling, Ecbatane, Katmandou ou Tombouctou...
Poésie/Gallimard, qui fête ses 40 ans (420 titres publiés et environ 13,5 millions de volumes vendus), propose une anthologie des «Poètes de la ville» qui ont précisément été publiés dans cette collection. De Juvénal à Larbaud, Apollinaire, Cendrars, Frénaud, Tardieu, Bonnefoy ou Roubaud, Rimbaud ou Henri Michaux, c’est toute l’histoire des hommes en mal d’urbanité qui défile ainsi de rue en rue.
Quant aux éditions du Seuil, elles ne se contentent pas de publier «Besoin de poèmes», un nouveau recueil du Breton Yvon Le Men, elles créent une collection «Points Poésie» qui reprendra, à raison de huit à neuf parutions par an, des titres du fonds du Seuil et d’autres éditeurs et proposera des ouvrages composés à partir de diverses sources. Le lancement de la collection s’effectuera jeudi 9 mars en beauté avec cinq titres : « Cadastre » d’Aimé Césaire, « OEuvre poétique » de Léopold Sédar Senghor, un recueil de « haïkus » avec une préface d’Yves Bonnefoy, « la Terre vaine » de T. S. Eliot et « le Reste du voyage et autres poèmes » de Bernard Noël.
* Théâtre Molière - Maison de la Poésie : Passage Molière 157, rue saint-Martin, 75003 Paris ; tél. 01.44.54.53.00 et www.maisondelapoesie-moliere.com ** Centre international de poésie Marseille : Centre de la Vieille Charité, 2, rue de la Charité, 13 236 Marseille Cedex 02 ; tél. 04.91.91.26.45 et www.cipmarseille.com*** Inventaire-Invention : www.inventaire-invention.com
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