CONGRES HEBDO
Jusqu'à ces dernières années, le taux d'échecs des traitements des onycomycoses était d'environ 30 %. « Ce taux est actuellement revu à la baisse grâce à la mise au point de vernis antifungiques qui pénètrent l'ongle et peuvent atteindre les champignons qui se développent le plus souvent sur le lit de l'ongle, entre la plaque unguéale et la région sur laquelle elle repose, explique le Dr Robert Baran (1) . Ces vernis très aqueux dont l'affinité pour la kératine est importante sont l'équivalent du patch des systèmes transdermiques appliqué à l'ongle. »
Deux vernis sont actuellement disponibles en France en première intention pour le traitement des onychomycoses sans atteinte matricielle : il s'agit de l'amorolfine (Locéryl) appliquée une à deux fois par semaine, et du cyclopirox/ciclopiroxilamine (Mycoster) appliqué quotidiennement puis une fois par semaine. « On admet que si le tiers ou la base de l'ongle (région qui se trouve entre la cuticule et la lunule) est indemne, le traitement local avec ces vernis transunguéaux a de grandes chances d'être efficace. La durée du traitement varie de 3 mois à 1 an selon l'étendue des lésions », précise le Dr Baran ».
Dans les formes étendues
En revanche, dans les formes plus étendues, accompagnées d'un épaississement particulièrement important de la tablette (plus de 2 à 2,5 mm d'épaisseur), si la partie latérale de l'ongle est atteinte ou si la mycose touche plus des deux tiers distaux, et envahit le un tiers proximal de l'ongle, il faut envisager un traitement antifongique mixte. On associe alors au vernis un traitement par voie générale comme la terbinafine (Lamisyl), antifongique de la classe des allylamines, actif sur les onychomycoses quel que soit le champignon en cause (1), prescrit chez l'adulte à la posologie de 250 mg/j. La durée de traitement va de 6 semaines à 3 mois pour un onyxis des doigts et de 3 à 6 mois pour un onyxis des orteils.
Enfin, dans certaines formes sévères ou rebelles, on peut avoir recours à une triple association : traitement général + traitement local + découpe de la partie pathologique de l'ongle mycosique. Cela permet de diminuer la durée du traitement. Certains travaux anglais (E. G. V. Evans, université de Leeds, Grande-Bretagne) ont récemment montré qu'un traitement d'un mois seulement par la terbinafine associé à la découpe de la partie malade permettait de réduire le traitement (de 3 à 6 mois selon les RCP du produit) à 1 mois.
Pour faciliter la découpe de la partie atteinte, il est possible d'utiliser une pommade à l'urée, comme l'Amycor Onychoset, qui, appliqué sur l'ongle pendant 1 à 3 semaines sous pansement occlusif, ne décolle que la zone malade. Le relais est ensuite pris par une pommade antifungique classique pendant plusieurs semaines.
Des vernis antiviraux
Encouragées par les premiers résultats de ces vernis antifongiques transunguéaux, les recherches s'accélèrent dans ce domaine. Un vernis à la cortisone est actuellement expérimenté dans le psoriasis des ongles. Si les premiers succès se confirment, ils permettront d'éviter les injections douloureuses pratiquées jusqu'à présent dans la matrice unguéale chez les deux tiers des malades.
« D'autres travaux concernent les verrues sous-unguéales, pour lesquelles il fallait dans bien des cas, découper l'ongle qui les protégeait. L'emploi de vernis délivrant des immuno-modulateurs directement sur les verrues permettrait de les éliminer en laissant l'ongle en place », explique le Dr R. Baran.
Les spécialistes comptent également sur mise au point de vernis « antiviraux » pour soigner l'herpès du lit de l'ongle, toujours extrêmement douloureux.
D'après l'intervention du Dr Robert Baran, Nail Disease Center, Cannes.
(1) M.G. Lebwohl et coll. Efficacy and safety of terbinafine for non dermatophyte and mixed nondermatophyte toenail onychomycosis, International Journal of dermatology 2001, 40, 358-360.
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