PARIS - DU 16 AU 19 MAI 2001
« La prévalence de l'obésité infantile ne cesse d'augmenter dans tous les pays », a rappelé M.-F. Rolland-Cachera (INSERM, Paris). Depuis 1995, l'utilisation de l'indice de masse corporelle (IMC = poids/taille 2) a été recommandée par l'OMS chez l'enfant depuis l'âge de 9 ans jusqu'à 24 ans pour définir l'obésité. Cet indice présente l'avantage d'être établi à partir de mesures du poids et de la taille, recueillies à différents âges. L'évolution de la courbe d'IMC ainsi tracée reflète les variations physiologiques de la masse grasse. Au cours de la première année de vie, la valeur de l'IMC augmente. Elle diminue jusqu'à l'âge de 6 ans, puis augmente à nouveau : on parle de rebond d'adiposité. Plus l'âge du rebond est précoce, plus le risque de devenir obèse à l'âge adulte est élevé.
Une nouvelle définition de l'obésité
En 1982, la France a publié des courbes de référence de l'IMC, qui ont été révisées en 1991. L'obésité a été définie par le 97e percentile de ces courbes. En 2000, l'International Obesity Task Force (IOTF) a élaboré une nouvelle définition de l'obésité : les enfants situés entre le centile degré 1 (25 kg/m2) et le centile degré 2 (30 kg/m2) sont considérés en surpoids ; ceux situés au-delà du centile degré 2 sont considérés comme obèses. Enfin, en juin 2000, le Center for Disease Control (CDC) a publié des courbes d'IMC qui couvrent les tranches d'âges allant de 2 à 20 ans. Ces différentes courbes permettent de dépister les enfants à risque de devenir obèses et de quantifier leur niveau de surpoids. Des mesures simples de prévention ou une prise en charge peuvent alors être proposées.
« La prise en charge des surcharges pondérales débutantes est à la fois clinique et thérapeutique », a précisé J.-P. Girardet (hôpital Trousseau, Paris). Cliniquement, on apprécie l'ancienneté de la surcharge pondérale en reconstituant la courbe de croissance staturo-pondérale et de l'IMC. Il faut éliminer une obésité secondaire à une endocrinopathie, un syndrome connu (Willi-Prader-Labhart, Laurence-Moon-Biedl ou une obésité monogénique. Le plus souvent, la recherche d'une cause organique, reste négative. Enfin, l'examen clinique recherche des complications : un genu valgum, des apnées du sommeil, des troubles des règles, une lithiase biliaire, etc.
Réduire la sédentarité
La prise en charge thérapeutique repose sur des mesures diététiques (corrections qualitatives et quantitatives de l'alimentation), une augmentation de l'activité physique et un soutien psychologique. Cependant, les résultats sont décevants. D'où la nécessité de développer des moyens de prévention, à la fois au niveau de la population générale et au niveau individuel. Des recommandations pour la prévention de l'obésité au niveau de la population générale ont été récemment publiées par un groupe de 115 experts. Elles suggèrent de réduire la sédentarité, respecter les rythmes alimentaires et diminuer la densité calorique de l'alimentation. A l'échelon individuel, la prévention commence par le dépistage précoce des enfants à risque. Trois facteurs principaux doivent être recherchés : une obésité parentale, un excès pondéral dès l'âge de un an et la précocité de l'âge du rebond (avant 6 ans), qui est l'un des meilleurs facteurs prédictifs d'obésité.
D'après les communications de M.-F. Rolland-Cachera (INSERM, institut scientifique et technique de la nutrition et de l'alimentation au Conservatoire national des arts et métiers, Paris) et J.-P. Girardet (hôpital Trousseau, Paris)
Les acteurs de la prévention de l'obésité de l'enfant
La famille :
elle reconnaît l'obésité ;
elle consulte tôt ;
elle participe au traitement.
Le médecin :
il identifie l'obésité ;
il aide la famille.
La société :
elle donne les règles ;
l'école ;
la ville ;
l'Etat.
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