ON COMMENCE à en entendre parler de plus en plus, de ces nounoursologues. La spécialité de « nounoursologie » sera-t-elle prochainement intégrée au cursus médical ? A Bobigny, où l'hôpital des nounours (HDN) a été lancé il y a quatre ans, la nounoursologie entre dans le cadre d'un enseignement optionnel depuis deux ans. La participation à une session de nounoursologie, si elle est validée, rapporte même aux étudiants deux points sur les seize (crédits ECTS) requis entre la deuxième et la troisième année.
A la mi-février, les futurs nounoursologues ont réalisé une première visite dans les six classes de la ville qui participent à l'opération. L'ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France), qui coordonne les actions « nounoursologiques » en France, a signé récemment une convention avec l'association Sparadrap (qui aide et informe les enfants malades hospitalisés de façon ludique). Documents Sparadrap à l'appui, notamment, les étudiants rencontrent les enfants, leur expliquent le déroulement d'une visite à l'hôpital des nounours, les font choisir une pathologie pour leur peluche et leur remettent un carnet de santé.
Programme scolaire.
A Bobigny, une deuxième visite a été organisée avant la venue des enfants à l'HDN, en lien avec la chargée de prévention à la mairie de Bobigny. Le jour de la visite, les enfants arrivent par classes, patientent d'abord dans la salle d'attente aménagée au bas de la salle des fêtes du CHU Avicenne, puis montent et passent à un ou plusieurs des postes installés là-haut (kiné, dentaire, infirmière, sage-femme, assurés par de « vrais » étudiants dans lesdites disciplines, plus des pôles chirurgie, radiologie et pharmacie). En bas, devant la porte, une ambulance a été mobilisée pour l'occasion et la visite est réalisée avec un professionnel urgentiste.
L'objectif des nounoursologues est de diminuer l'effet blouse blanche auprès des petits. Plus largement, explique l'ANEMF, ils cherchent à «améliorer la relation soignant-soigné», et donc les futurs soignants (les nounoursologues ont passé le fatal concours de première année) aussi profitent de ces visites. «L'HDN est une formidable occasion pour tous les étudiants en médecine de se familiariser avec les jeunes enfants et d'apprendre à mieux travailler avec eux», témoigne un étudiant en troisième année dans un document de l'ANEMF.
«C'est l'occasion de sensibiliser ces pédiatres en puissance sur les bonnes pratiques», souligne Malka Jakubowicz, chargée de communication de Sparadrap. «Nous aimerions compléter le travail de formation auprès du pédopsychiatre» (voir ci-dessous). L'intervention d'un pédopsychiatre est devenue obligatoire dans la formation des nounoursologues afin d'affronter les éventuels écueils que peut impliquer la communication particulière qui s'instaure avec un enfant. «Le recueil des témoignages des enfants pourrait constituer une manne remarquable d'information qui servirait de support pour une formation homogène.»
Une dernière visite est d'ailleurs prévue dans les écoles, après le passage des enfants à l'hôpital des nounours.
Les nounoursologues espèrent s'intégrer dans le programme scolaire au niveau de la sensibilisation aux problèmes d'hygiène (bucco-alimentaire, alimentaire) et de santé.
D'ailleurs, en plus des associations Sparadrap et UNICEF, notamment, les nounoursologues bénéficient du soutien du ministère de l'Education.
La première année de sa mise en place en France, en 2004, 1 200 enfants ont pu consulter un nounoursologue. Cette année, plus de 8 500 peluches seront soignées. De quoi réjouir les nounoursologues dont l'ultime vocation est justement de… susciter des vocations auprès de ces chères petites têtes blondes.
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