«LES DIFFÉRENCES de croissance des enfants jusqu’à l’âge de 5ans sont davantage influencées par la nutrition, les pratiques d’allaitement, l’environnement et les soins de santé que par la génétique et l’origine ethnique.» L’Organisation mondiale de la santé peut l’affirmer grâce aux résultats de l’étude Mgrs (étude multicentrique de référence sur la croissance) réalisée sur 8 440 enfants dans six pays bien différents, le Brésil, les Etats-Unis, le Ghana, l’Inde, la Norvège et Oman. Le projet, lancé en 1997 avec l’Université des Nations unies, avait pour but de mettre au point une méthode internationale normalisée pour évaluer la croissance physique, l’état nutritionnel et le développement moteur de tous les enfants, de la naissance à 5 ans. Les normes jusqu’alors utilisées avaient été élaborées dans les années 1970 avec les seules données d’un échantillon limité d’enfants américains.
Pour que l’étude soit valable ont été choisis des enfants bénéficiant d’un environnement optimal pour une croissance normale : pratiques de nutrition recommandées (allaitement pour les nourrissons), soins de santé de qualité, mères non fumeuses, en particulier. L’étude, menée de 1997 à 2003, a associé un suivi longitudinal de la naissance à 24 mois et une enquête transversale chez les enfants âgés de 18 à 71 mois.
Dépister malnutrition et obésité.
Les résultats dans les six pays se superposent de façon remarquable. Ce qui permet à l’OMS d’en tirer des normes précises et détaillées utilisables dans tous les pays du monde, développés ou non. Elles portent sur le poids, la taille, le rapport poids-taille, l’indice de masse corporelle (IMC), le périmètre brachial, le pli cutané tricipital, le pli cutané sous-scapulaire et le périmètre crânien. Des normes de rapidité de croissance en sont déduites pour le poids, le rapport taille-poids, le périmètre crânien, le périmètre brachial et l’IMC. C’est la première fois qu’on dispose de références en matière d’IMC pour les tout-petits, ce qui permettra de prévenir et de dépister précocement l’obésité infantile. L’étude a également permis d’établir des références pour les six stades clés du développement moteur, tels que station assise, station debout et marche.
Les normes, établies en fonction du sexe, se présentent sous forme de courbes allant de 0 à 5 ans : la courbe verte indique la moyenne et la courbe rouge, au-dessus et en dessous, celle au-delà de laquelle il y a probablement un problème. Une première série de courbes peuvent être téléchargées sur le site de l’OMS*.
Les médecins sont les premiers concernés. L’Association internationale de pédiatrie encourage ainsi toutes les sociétés de pédiatrie, comme le dit sa directrice exécutive, le Dr Jane Schaller, «à adopter et à utiliser ces normes dans le meilleur intérêt de tous les enfants et à promouvoir l’adoption de ces normes par leurs gouvernements».Les nutritionnistes, les instances qui oeuvrent en faveur de la santé de l’enfant et, bien sûr, les parents pourront aussi utilement, souligne l’OMS, se référer à ces normes.
L’organisation en profite pour souligner une fois de plus l’intérêt de l’allaitement au sein, qui doit être la norme pour la croissance. Car ces nouvelles normes ne sont pas seulement une constatation, elles indiquent «comment les enfants doivent grandir». Et elles contribueront à faire prendre conscience du «rôle crucial» de la nutrition dans les premiers mois et les premières années de la vie.
Avec ces normes, le nombre d’enfants jugés de faible taille pour leur âge devrait augmenter, de même que celui des nourrissons de faible poids (jusqu’à 6 mois). Devrait être plus élevée également la proportion des enfants de faible poids pour leur taille (jusqu’à 70 cm). Et, de l’autre côté de la norme, la prévalence du surpoids chez les tout jeunes enfants devrait être revue à la hausse. Si les normes avaient existé il y a vingt ans, relève l’OMS, l’épidémie d’obésité aurait été repérée et peut-être prévenue.
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