LE DÉVELOPPEMENT de la nanomédecine progresse : une équipe de l'université du Texas (Dallas) vient en effet de mettre au point un procédé qui pourrait permettre d'utiliser des nanotubes de carbone pour « cuire » les cellules cancéreuses, sans pour autant endommager les cellules saines qui les entourent.
Le principe du système mis au point par Ellen Vitetta et son équipe est conceptuellement assez simple : les chercheurs sont parvenus à accrocher des anticorps monoclonaux à des nanotubes de carbone. Exposés à une lumière de longueur d'onde adéquate, proche de l'infrarouge, ces nanotubes s'échauffent et émettent suffisamment de chaleur pour entraîner la destruction des cellules situées à proximité immédiate. En utilisant des anticorps dirigés contre des marqueurs tumoraux, Vitetta et coll. ont obtenu des complexes qui se fixent de manière spécifique aux cellules cancéreuses et permettent ainsi leur élimination sélective.
Si le concept de ce système paraît relativement simple, son développement était jusqu'ici limité par un problème technique : il restait en effet à découvrir comment fixer un anticorps à un nanotube sans altérer les propriétés biologiques et physiques des deux structures. L'équipe texane a finalement trouvé la solution.
Les chercheurs ont testé la fonctionnalité des complexes obtenus sur des cellules en culture. Leurs expériences montrent que les nanotubes de carbone liés à des anticorps anti-CD22 se fixent de manière spécifique aux cellules dérivant de lymphomes de Burkitt. L'exposition des cultures à la lumière proche de l'infrarouge permet d'obtenir la destruction de ces cellules par hyperthermie, sans abîmer les cellules CD22 – également présentes dans les boîtes de culture.
L'utilisation de nanotubes de carbone réagissant à la lumière proche de l'infrarouge à des fins antitumorales est étudiée depuis quelques années par de nombreux laboratoires. L'étude aujourd'hui présentée dans les « Proceedings » de l'Académie des sciences américaine est cependant la première à montrer qu'il est possible de diriger ces nanotubes vers une cible cellulaire spécifique.
Un essai chez la souris.
Certes, les travaux de Vitetta et son équipe ont été conduits in vitro, mais une série d'expériences menées dans des conditions reproduisant l'environnement de l'organisme humain (culture en présence de sérum chauffé à 37 °C) suggère que le système devrait également fonctionné in vivo. La lumière proche de l'infrarouge pénétrant les tissus vivants, sans les endommager, sur une profondeur de près de quatre centimètres, il devrait être possible d'utiliser ce système pour traiter de nombreux type de tumeurs. L'équipe a d'ailleurs d'ores et déjà commencé à tester cette stratégie thérapeutique chez la souris : «Bien qu'il n'y ait aucune garantie que ça marche, nous somme très optimistes», a indiqué Ellen Vitetta.
P. Chakravarty et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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