UNE ÉTUDE américaine révèle l'existence une forte association entre la présence de CNV (pour « Copy Number Variation »), des altérations génétiques submicroscopiques, et les formes sporadiques de syndromes autistiques.
Les insertions et les délétions de taille moyenne qui constituent les CNV sont très fréquentes dans le génome humain. La plupart d'entre elles sont silencieuses, mais certaines peuvent entraîner des dysfonctions cellulaires pathologiques. Ainsi, des CNV semblent associés à certaines formes de retard mental et de syndromes autistiques. Sebat et coll. ont voulu savoir si ce type d'anomalies génétiques joue un rôle particulier dans l'étiologie des cas d'autisme idiopathique.
Dans ce but, les chercheurs ont étudié le génome de 264 familles, parmi lesquelles 118 présentaient un seul enfant malade et 47 deux enfants malades. Les 99 familles restantes n'étaient pas touchées par l'autisme, elles ont servi de témoin. Les génomes des participants ont été étudiés par trios, chaque trio comprenant un enfant, malade ou non (y compris les frères et soeurs sains des enfants malades), et ses deux parents. La présence de CNV a été recherchée dans chacun des génomes par hybridation génomique comparative, à l'aide d'une matrice comprenant 85 000 son-des, soit en moyenne une sonde pour 35 kilobases.
Cette méthode d'analyse a permis d'identifier seize enfants porteurs d'un CNV de novo, c'est-à-dire absent du génome de ses deux parents. Ces CNV ont été trouvés chez quatorze enfants malades et chez seulement deux enfants témoins. Chez douze des quatorze enfants malades, le CNV mis en évidence correspondait à une délétion. Chez les deux témoins, il s'agissait d'une duplication.
Au sein de la cohorte étudiée, la fréquence des mutations CNV de novo s'est en outre révélée significativement plus importante chez les enfants atteints d'une forme sporadique de la maladie que chez les enfants atteints d'un syndrome autistique à caractère familial (10 % vs 2 %). Cette observation permet d'exclure l'hypothèse selon laquelle l'apparition de CNV de novo serait une conséquence secondaire d'une « fragilité génétique » liée au syndrome autistique. Si tel était le cas, la fréquence des CNV devrait être identique dans les deux groupes de malades.
Un gène exprimé dans des aires cérébrales.
Certes, l'existence d'un rôle direct des CNV de novo dans l'étiologie des cas sporadiques de syndrome autistique reste encore à démontrer. Cependant, l'analyse des CNV mis en évidence par Sebat et coll. est favorable à cette hypothèse. Plusieurs des CNV mis en évidence chez les enfants malades correspondent en effet à la délétion de gènes dont la fonction n'est pas sans lien avec des processus altérés chez les patients atteints de syndrome autistique. Ainsi, un des CNV identifié lors de cette étude correspond à la délétion du gène FLJ16237, un gène exprimé dans des aires cérébrales impliquées dans la communication. Chez un autre enfant, le CNV découvert par Sebat et coll. conduit à la perte du gène codant pour l'oxytocine, une protéine qui participe à la régulation de la cognition sociale.
Par ailleurs, l'ensemble de ces données, et notamment le fait que chacun des CNV détectés est très rare, si ce n'est unique, renforce la notion selon laquelle les facteurs génétiques impliqués dans l'étiologie des syndromes autistiques sont extrêmement hétérogènes.
J. Sebat et coll., « Sciencexpress », édition en ligne du 15 mars 2007.
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