A PRES Hardy et Montméja à l'hôpital Saint-Louis, Charcot fut l'un des premiers à utiliser la photographie comme document médical, pour garder trace des expérimentations et des constats de son service à la Salpêtrière, dont il disait qu'il était un « musée pathologique vivant ». A son initiative, un service de photographie est officiellement créé . L'interne Régnard se transforme en photographe.
Entre 1876 et 1880 sont publiés trois tomes de « l'Iconographie photographique de la Salpêtrière », de Bourneville et Régnard, avec la collaboration d'Albert Londe, dont Charcot s'est attaché les services. En 1888 sera encore publiée la « Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière ». On connaît dix à quinze exemplaires de ces ouvrages présentant, pour les plus anciens, des photographies collées. Certaines bibliothèques universitaires de médecine en possèdent.
Mais le service de photographie produit aussi de nombreux tirages à usage interne de la Salpêtrière. Les archives constituent peu à peu le « musée Charcot », qui reçoit chaque année un budget de l'Assistance publique. Trois albums reliés seront proposés à la vente le 3 mai, dont deux portent la mention « musée Charcot », et 135 tirages sont regroupés en plusieurs lots sous l'appellation « Musée pathologique de Charcot ».
Une période d'abandon
D'où proviennent-ils ? Probablement ont-ils été récupérés lors de la période d'abandon du musée. Si celui-ci reste bien entretenu, environ dix ans après la mort de Charcot (1893), il tombe en effet par la suite en désuétude. En 1930, un rapport signale son état d'abandon et l'absence d'inventaire. La subvention est arrêtée et l'Assistance publique se désintéresse de son devenir. Le fils de Jean Martin Charcot, le commandant Charcot, ayant fait don de la bibliothèque personnelle de son père à la Salpêtrière, le Pr Castaigne, dernier titulaire de la chaire des systèmes nerveux créée pour Charcot, décide vers 1965 de lui affecter, ainsi qu'aux collections du musée Charcot, un des nouveaux bâtiments qu'on vient de construire pour son service. Les restes du musée sont alors déménagés dans l'indifférence générale. Des négatifs d'Albert Londe seront mis au rebut. On sait qu'ils se trouvent aujourd'hui aux Etats-Unis. La bibliothèque Charcot ne récupère finalement que quatre ou cinq albums du « musée Charcot ». Les objets sont confiés au musée de l'Assistance publique. On peut également voir des cires de Charcot au musée Dupuytren. Résultat de la négligence, le fonds iconographique amassé pendant plus de trente ans, propriété de l'Assistance publique*, s'est au mieux éparpillé, est partie « dans la nature » ou est définitivement perdu.
Il en surgit aujourd'hui de précieux morceaux, rassemblés par un collectionneur privé. Malheureusement, ni la bibliothèque Charcot intégrée depuis 1985 à la bibliothèque de l'université Paris-VI, ni les musées de médecine intéressés n'ont les moyens de les acquérir. Conscients de l'importance historique de cet ensemble, les commissaires-priseurs vont user de la faculté de regroupement pour les proposer en un seul lot à l'issue de la vente. Pour du moins ne pas les laisser se disperser un peu plus. Des acheteurs anglo-saxons sont déjà sur les rangs.
* Si ces objets avaient appartenus à un musée national, le droit de l'Etat étant imprescriptible, le musée pourrait toujours les réclamer. En revanche, pour l'Assistance publique, le droit de prescription est normalement limité à trente ans. Or les bâtiments qui abritaient le musée Charcot ont été démolis dans les années soixante...
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