DES CHERCHEURS de l'école de médecine d'Harvard viennent de mettre au point un outil qui pourrait grandement faciliter la tâche des oncologues. Nagrath et coll. ont développé un système permettant d'isoler et de caractériser les cellules d'origine tumorale qui circulent dans le sang périphérique de la quasi-totalité des sujets atteints d'un cancer.
La détection, la quantification et l'analyse de ces cellules pourraient non seulement constituer une aide au diagnostic, mais elles pourraient en outre fournir aux médecins de précieuses informations sur la progression de la maladie et sur l'efficacité du traitement administré au patient. Diverses données suggèrent en effet que la quantité de cellules tumorales circulantes augmente lorsque le cancer progresse et diminue si la tumeur régresse en réponse à une chimiothérapie.
Jusqu'ici, pour capturer les rares cellules tumorales circulant dans le sang des patients, les chercheurs utilisaient des billes magnétiques recouvertes d'un anticorps spécifique d'une molécule d'adhésion cellulaire fréquemment surexprimées dans de nombreux carcinomes (EpCAM). Lorsque ces billes sont mises en contact avec un échantillon de sang, les cellules tumorales éventuellement présentes se fixent aux anticorps. l'application d'un champ magnétique approprié permet ensuite de récupérer les billes chargées de cellules. Malheureusement, cette méthode manque de sensibilité et conduit souvent à l'isolement de cellules très endommagées.
Nagrath et coll. ont mis au point un nouveau système se fondant sur l'utilisation d'une micropuce couplée à un dispositif d'injection microfluidique. La puce est recouverte de l'anticorps EpCAM et le système microfluidique permet de faire doucement circuler le sang des patients sur sa surface. Les cellules tumorales se fixent alors à la puce, et leur quantité, leur aspect et, éventuellement, certains de leurs marqueurs de surface peuvent être examinés par vidéomicroscopie.
Nagrath et coll. ont utilisé ce système pour analyser le sang périphérique de 116 patients atteints d'un cancer métastasé du poumon, de la prostate, du pancréas, du sein ou encore du côlon. La présence de cellules tumorales circulantes a pu être mise en évidence chez 115 des patients. Les chercheurs ont également étudié des échantillons sanguins prélevés chez 7 patients atteints d'un cancer de la prostate au stade précoce. Là encore, la technique s'est révélée particulièrement sensible puisqu'elle a permis l'identification de cellules tumorales circulantes dans les 7 cas.
S. Nagrath et coll., « Nature » du 20 décembre 2007, vol. 450, pp. 1235-1239.
Pas forcément de mauvais pronostic
Les cellules dérivant de tumeurs solides qui circulent dans le sang périphérique peuvent être à l'origine de métastases. Cependant, leur présence n'est pas forcément associée à un mauvais pronostic. Une étude conduite chez des femmes souffrant d'un cancer du sein a en effet montré que la grande majorité de ces cellules meurent rapidement après avoir atteint la circulation sanguine. Seule une toute petite proportion d'entre elles aurait la capacité de conduire à la survenue de tumeurs secondaires.
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