De notre correspondante
à New York
AVEC L'AMÉLIORATION spectaculaire de ses résultats, la transplantation hépatique est devenue une méthode thérapeutique proposée à un nombre croissant de patients. Toutefois, l'inadéquation entre le nombre des patients en attente d'organe et le nombre des organes prélevés chez des patients en état de mort cérébrale est importante.
Ce contexte de pénurie incite donc à rechercher des alternatives à la greffe hépatique orthotopique, qui consiste en l'ablation du foie malade et son remplacement par le foie sain d'un donneur.
Dans certains cas, comme l'insuffisance hépatique aiguë, au cours de laquelle le foie peut guérir, la transplantation hépatique auxiliaire offre une approche plus intéressante que la greffe hépatique orthotopique avec remplacement par le foie d'un donneur.
Une équipe, dirigée par le Pr Sanjeev Gupta, professeur de médecine et de pathologie à l'Albert Einstein College of Medicine dans le Bronx (New York), démontre la possibilité de produire un foie auxiliaire fonctionnel dans des segments isolés de l'intestin grêle. Leurs travaux chez le rat sont rapportés dans « Nature Medicine ».
L'intervention consiste à isoler un segment de l'intestin grêle doté d'un pédicule vasculaire satisfaisant. Après avoir sectionné l'intestin en deux endroits pour isoler le segment, la continuité de l'intestin est rétablie en anastomosant les deux extrémités sectionnées. Le segment intestinal isolé est dénudé de sa muqueuse. Après fermeture d'une extrémité du segment intestinal, la « poche » ainsi fabriquée est remplie de microfragments hépatiques.
Architecture et fonctions hépatiques.
Les chercheurs ont constaté que le tissu transplanté se réorganise en adoptant une architecture hépatique tout à fait normale, et se revascularise grâce à un processus angiogénique.
De plus, ces foies auxiliaires conservent leurs fonctions hépatiques, aussi bien métabolique (synthèse de glycogène), que sécrétrice (synthèse d'albumine) et excrétrice hépatobiliaire (transport de mebrofenine).
« Nous avons démontré que de petits segments intestinaux vascularisés, dénudés de la muqueuse, offrent un microenvironnement exceptionnel pour soutenir le foie transplanté », notent les chercheurs.
« Cette capacité à produire des foies auxiliaires fonctionnellement compétents dans des segments intestinaux vascularisés offre des possibilités thérapeutiques pour des maladies hépatiques et certains déficits génétiques », concluent Joseph, Gupta et coll.
L'espoir d'applications cliniques.
« Nos recherches en cours indiquent que les interventions pour créer ces foies auxiliaires sont reproductibles chez de plus gros animaux, comme le chien », confie au « Quotidien » le Pr Gupta. Il prévient toutefois qu'ils doivent « réaliser des études animales supplémentaires pour établir l'efficacité des traitements avec ce foie auxiliaire ». « Si les expériences en cours et celles qui sont prévues continuent d'être couronnées de succès, nous espérons que des applications cliniques deviendront possibles dans le proche futur. »
Les applications cliniques pourraient concerner l'insuffisance hépatique aiguë et les déficiences métaboliques (insuffisance hépatique chronique et maladies génétiques mettant en jeu le pronostic vital).
« Nature Medicine », juillet 2004, , DOI : 10.1038/nm1057.
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