« Nos résultats suggèrent que la suppression temporaire de la fonction ovarienne par l’administration de triptoréline réduit l’incidence des ménopauses précoces induites par la chimiothérapie », constate une équipe italienne, Lucia Del Mastro (Gènes) et coll. Cette prévention d’une ménopause induite était l’objectif principal de l’étude qu’ils ont menée auprès de 281 femmes atteintes d’un cancer du sein de stades 1 à 3. L’hypothèse thérapeutique se fondait sur la mise au repos des ovaires pendant toute la durée des anticancéreux en utilisant un analogue de l’hormone hypothalamique GnRH (Gonadotropin-Releasing Hormone).
Entre octobre 2003 et janvier 2008, sur 16 sites, les 281 patientes ont été recrutées. Toutes devaient subir une chimiothérapie adjuvante ou néoadjuvante. L’essai de phase 3, PROMISE-GIM6 (Prevention of Menopause Induced by Chemotherapy : Study in Early Breast Cancer Patients-Gruppo Italiano Mamella 6) était réalisé en ouvert, avec tirage au sort. Avant de commencer la chimiothérapie, 133 patientes ont été désignées pour la recevoir de façon isolée et 148 autres ont bénéficié de l’ajout de triptoréline. L’agoniste était administré à raison de 3,75 mg, en I.M., au moins une semaine avant l’induction de la chimiothérapie, puis toutes les 4 semaines pendant la durée du traitement.
Le suivi a consisté à enregistrer l’incidence des ménopauses. Elles étaient définies comme la non reprise du cycle menstruel avec, 12 mois après l’arrêt, des taux de FSH et d’estradiol de type ménopausique. À un an, donc, 25,9 % des femmes sous chimiothérapie seule étaient ménopausées (les auteurs s’attendaient à 60 %) contre 8,9 % de celles traitées avec l’agoniste du GnRH. La différence en valeur absolue est de 17 %. Chez les femmes suivies plus d’un an et aménorrhéiques, le taux de ménopauses induites s’est abaissé en dessous de 15 % pour les moins de 40 ans. Sur ce point, il convient de préciser que l’incidence de l’arrêt de la fonction ovarienne sous chimiothérapie s’élève avec l’âge. Avant 35 ans, et au bout de 3 ans, l’incidence rejoint celles des femmes non traitées (10 %), elle passe à 50 % chez les 35-40 ans pour culminer à 80 % chez les plus de 40 ans.
Les auteurs déplorent le manque de données à plus d’un an sur la préservation de la fonction ovarienne et surtout sur d’éventuelles grossesses. Concernant la fertilité, ils rappellent que la cryopréservation de tissu ovarien ou d’embryon constitue une excellente précaution chez ces patientes. Et pourquoi ne pas associer les deux méthodes proposent-ils ?
« JAMA », vol. 306, n° 3, pp. 269-276.
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