DE NOTRE CORRESPONDANTE
L’Union Régionale des Médecins Libéraux (URML) et l’Observatoire Régional de la Santé (ORS) en Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) se sont unis depuis 2002 pour tenter de mieux connaître les médecins généralistes qui exercent dans cette région et de mieux cerner leurs conditions d’exercice. Depuis cette date, des enquêtes régulières sont menées auprès d’un panel de 600 médecins généralistes représentatifs de leur profession, ce qui permet d’étudier au fur et à mesure les caractéristiques de ces praticiens.
Ce sont les derniers résultats en date de cet observatoire qui ont été réndus publics il y a quelques jours. « C’est une véritable cohorte de médecins que nous suivons depuis 5 ans maintenant et qui permet au travers des enquêtes, de mesurer la qualité de vie des médecins, explique Yolande Obadia, directrice de l’ORS PACA, et de mieux les connaître. Cette méthode a été étendu à 4 autres régions en France (Bourgogne, Basse Normandie, Bretagne, Pays de Loire). Ces études doivent permettre de mieux cerner l’activité des médecins et par là même servir à améliorer leurs pratiques ».
Plus de 56 heures par semaine.
De son côté, Jean Claude Regi, président de l’URML PACA et président national de la Fédération des médecins de France a précisé quelques caractéristiques des médecins en PACA. Il faut noter d’abord dans cette région une féminisation de la profession. Elle est nettement visible chez les moins de 45 ans (41 % de médecins femmes) et plus faible chez les médecins plus âgés (18 % de médecins femmes).
Les médecins généralistes en Paca exercent très majoritairement dans les pôles urbains (82%) et moins dans les campagnes ou les petites communes. Ils travaillent beaucoup, plus de 56 heures par semaine, et souhaitent réduire ce temps de travail de 14h en moyenne. Ils se disent prêts à le réduire en cas d’une forte augmentation du tarif de la consultation. La majorité des médecins (73 %) tiennent au paiement à l’acte comme source principale de rémunération mais s’il le fallait, 58 % d’entre eux seraient prêts à être salariés pour moitié de leur exercice.
La majorité des médecins se disent pourtant satisfaits de leur activité professionnelle et semblent s’épanouir dans leur profession. Ils le sont moins cependant quand ils consacrent trop de temps aux tâches administratives.
Ils disent aussi dans ces enquêtes avoir beaucoup de mal à remplir leur rôle au niveau de la prévention, mais les femmes semblent s’en préoccuper davantage que les hommes. Les médecins souffrent aussi d’un sentiment d’inefficacité en la matière, ce qui pose le problème de la formation en général.
Enfin au delà de la prise en charge de certaines pathologies, a été étudiée dans ces enquêtes la souffrance et le mal être des médecins qui consomment eux mêmes davantage de psychotropes que la population générale. « Nous savons que des médecins souffrent de pathologies liées au stress, explique Jean-Claude Regi. Nous tentons avec cet observatoire de corréler ces observations avec des preuves irréfutables. » En PACA, 23 % des médecins présentent un épuisement émotionnel important, près de 20 % des réactions de distanciation vis-à-vis des patients et 1 % un syndrome complet d’épuisement professionnel. « Dans cette enquête, on a pu observer, assure le Dr Verger, directeur adjoint de l’ORS PACA, que ces troubles étaient associés à une durée hebdomadaire d’exercice et une charge de travail élevées, à des situations de stress spécifiques comme de s’occuper de patients en fin de vie, à des attentes des patients jugées irréalistes, ou à des conflits travail-famille. La remise en cause de l’autorité du médecin perturbe aussi. » Il n’existe aucun système de médecine du travail pour les médecins libéraux. Mais « Il faudra peut-être arrêter de les compter pour évoquer les vrais problèmes les concernant, conclut Yolande Obadia. La santé des médecins est un enjeu de santé publique. »
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