Des médecins qui aiment leur patrimoine

Publié le 15/09/2005
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La faculté de médecine de Perpignan tirée de l'oubli.
On a peine à y croire, mais l'ancienne faculté de médecine de Perpignan, fondée en 1379 dans ce qui était alors la deuxième ville de Catalogne, avait sombré dans l'oubli depuis sa suppression par la Révolution en 1793. Ses bâtiments XVIIIe abritaient les archives de la ville, sans que rien n'évoque leur passé médical. Pis, aucune recherche historique n'avait été entreprise sur l'école de médecine. Lorsque, il y a trois ans, le Dr Michel Martinez, gériatre à Canohes, dans la couronne de Perpignan, apprend cet état de fait de la bouche de Raymond Sala, professeur d'histoire à l'université de Perpignan, il s'enthousiasme pour ce patrimoine. « Le bâtiment, magnifique n'était même pas classé, juste inscrit à l'inventaire. »
En janvier 2004, c'est la création de l'Association Les amis de l'école de médecine de Perpignan*, qui compte aujourd'hui 90 membres, en majorité médecins. On retrouve l'herbier de l'école de médecine dans les collections du muséum, ainsi que la composition du cabinet de curiosités. On exhume quelques personnages : un praticien devenu médecin de Catherine II de Russie, sur lequel le Dr Martinez est en train de réaliser un petit film, des médecins du roi d'Espagne, ainsi que la figure du Dr Barrère, auquel Jussieu avait demandé d'aller recenser les espèces botaniques de l'hémisphère sud. Il publia à son retour « la France équinoxiale ».
Quant au bâtiment, l'association a aidé la municipalité à le faire classer et a entrepris un programme de restauration de certaines pièces. « Nous allons remettre en place, en 2005-2006, dans la rotonde d'anatomie, un lanterneau copie conforme de celui qui avait disparu, puis la table d'anatomie et nous espérons reconstituer aussi les gradins. » Ensuite, ce sera le tour de la salle des actes. Deux étudiants en maîtrise de tourisme font leur mémoire sur la remise en valeur de l'ancienne université, qui sera d'ailleurs ouverte pour les Journées du patrimoine. Dans la foulée, le Dr Martinez termine, quant à lui, un mastère d'histoire.

Mon château fort en ruine.

Le Dr François Kerekes, généraliste à Antony, a réalisé son rêve en décembre 2004. « C'était une annonce dans un journal un jour de vacances pluvieux. Un château fort aux confins de la Picardie et de la Champagne. Classé monument historique. Deux tours debout et un champ de ruines. Je téléphone, il était vendu. On me rappelle, la vente ne s'était pas faite. Je me suis précipité. Sur place, j'ai un coup de cœur. Il était touchant. »
Ainsi commence la passion du médecin pour le château d'Armentières-sur-Ourcq. La suite d'une histoire qui a déjà sept siècles. Construite en 1297 dans la plaine par les chevaliers d'Armentières et entourée de douves, la maison forte passe au XIVe siècle entre les mains de la famille de Conflans. Son rachat en 1446 par Jean II Juvénal des Ursins, prélat et historien, évêque de Laon, de Beauvais, archevêque de Reims, donne une nouvelle physionomie au château percé de fenêtres à meneaux, décoré de corniches à modillons et flanqué d'une grosse tour-porte. Les Conflans reprennent ensuite le château, qui devient, sous Louis XV propriété du marquis d'Armentières, maréchal de France. Vendu comme bien national sous la révolution, il est transformé en ferme. A la fin du XIXe, il est acquis par le baron Lacave-Laplagne, député du Lot.
« J'ai retrouvé une photo de 1910 où le château fort est quasi intact. Armentières est un château fort fossile qui a échappé aux restaurations du XIXe. » Situé au sud du chemin des Dames, il est un peu endommagé pendant la guerre de 1914 mais subit surtout une lente dégradation faute d'entretien. En 1970, la grosse ferme picarde voisine est séparée du château. « Nous habitons la grosse tour et je compte aménager le donjon du XVIe. Entre les deux forteresses se trouvent de belles ruines dont il faut éviter qu'elles se détériorent davantage. J'ai déjà contacté les bâtiments de France, qui ont orienté mes priorités en matière de réparations. Les ruines ne sont pas sécurisées, ce qui excluait toute participation aux Journées du patrimoine cette année, mais l'an prochain, pourquoi pas ? Déjà, je fais visiter l'ensemble aux personnes qui me le demandent. Beaucoup de gens du village qui y sont très attachés n'y étaient jamais entrés et ont été très contents de le visiter. » Pour son nouveau propriétaire, le château d'Armentières est une source sans cesse renouvelée de découvertes. Les vieilles pierres lui livrent peu à peu leur histoire par un détail jusqu'ici inaperçu ou de menus objets retrouvés. Il suffit d'aimer.

* 2, rue des Coquelicots, 66680 Canohes, tél.04.68.56.46.96, courriel : studium1379@aol.com.

A l'Académie

L'Académie de médecine (16, rue Bonaparte, Paris 6e) a choisi les Journées du patrimoine pour plusieurs de ses événements annuels. La 7e Journée d'architecture hospitalière a lieu aujourd'hui, de 14 h à 18 h, autour du thème : « Pour une architecture des handicapés et des sujets âgés ». Le samedi 17, la 3e Journée du livre, de 9 h à 17 h, aura pour thème la médecine humanitaire. Six ouvrages, signés Victor Ségalen, Cléa Koff, Bernard Kouchner, Alain Deloche, Xavier Emmanuelli et Jean-Christophe Rufin, seront au programme, à raison d'une heure chacun, avec lecture d'extraits, puis commentaires éclairés d'Yves Coppens, de Marc Gentilini, Denys Pellerin, d'Yves Pouliquen, de Jacques-Louis Binet, entre autres. L'académie remettra à cette occasion le prix Jean-Bernard, qu'elle a récemment créé. Enfin, dimanche, l'académie sera ouverte pour une visite guidée.

www.academie-medecine.fr.

> M.-F. P.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7802