Des médecins plus vieux, en majorité de sexe féminin, exerceront en 2020

Publié le 17/03/2002
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C'est un des multiples enseignements d'un « Document de travail » (1) consacré par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité à des projections de démographie médicale : en 2020, l'âge moyen des médecins atteindra 49 ans contre 46,8 ans aujourd'hui. Les généralistes n'auront plus 45,9 ans de moyenne d'âge mais 47,9 ; les spécialistes n'auront plus 47,6 ans mais 50,2.

Ces prévisions, comme toutes celles qui sont faites au gré des presque quatre-vingts tableaux que regroupe cette étude, reposent sur l'hypothèse, mise à mal depuis qu'a été annoncée il y a quelques jours une augmentation progressive du nombre de médecins formés (« le Quotidien » du 6 mars), d'un numerus clausus à 4 700. Elles dessinent néanmoins de grandes tendances.
Au chapitre de l'âge toujours, on apprend que les gynécologues médicaux vont particulièrement vieillir au cours des dix-huit années à venir, passant de 50,5 ans aujourd'hui à 63,1 ans en 2020.

Hémorragie d'effectifs dans certaines régions

La féminisation galopante de la profession est confirmée. Les femmes, qui représentent aujourd'hui 37 % des médecins vont, petit à petit, « conquérir le territoire » : en 2019, elles ne constitueront encore que 49,7 % des effectifs mais en 2020, la barre des 50 % (50,5 % pour être précis) sera franchie. Elles deviendront majoritaires d'abord chez les généralistes (dès 2017) et, à l'intérieur des spécialités, la pédiatrie sera prise d'assaut (71,9 % de femmes en 2020, ainsi que l'endocrinologie (80 %) ou la dermatologie (70,4 %).
En revanche, la chirurgie (11,5 % de femmes en 2020) ou les pathologies cardio-vasculaires (26,7 %) resteront délaissées par la gent féminine.
Petite ou grande ville ? Les quelque 160 000 médecins en exercice en 2020 (38 000 de moins qu'aujourd'hui) continueront de plébisciter les très grandes agglomérations, désertant toujours un peu plus les petites « unités urbaines ». 102 000 d'entre eux exerceront dans des villes de 100 000 habitants et plus (123 000 le font aujourd'hui), 43 000 (56 000 aujourd'hui) préféreront les villes de 5 000 à 100 000 habitants, 16 000 (20 000 aujourd'hui) les villes de moins de 5 000 habitants. Au jeu de la distribution des médecins entre les régions, certaines zones géographiques se retrouveront dans dix-huit ans plus mal loties que d'autres. Si la Basse-Normandie (3 847 médecins aujourd'hui, 3 357 en 2002), la Champagne-Ardenne (3 647 puis 3 372) ou la Franche-Comté (3 259 puis 3 051) - dans les faits souvent les régions les moins bien dotées en médecins aujourd'hui - sauveront les meubles, d'autres devront faire face à une hémorragie. L'Ile-de-France perdra plus de 13 000 de ses 45 800 médecins, Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) en perdra plus de 5 700, Rhône-Alpes devra faire avec 2 600 médecins de moins, Midi-Pyrénées en verra 2 000 partir qui ne seront pas remplacés. Ces mouvements trouveront une traduction immédiate en matière de densités médicales. La France compte aujourd'hui 328 médecins pour 100 000 habitants, selon le ministère ; elle n'en aura plus que 250 pour 100 000 en 2020. A cette date, tout en restant bien au-dessus de la moyenne avec une densité de 282 médecins, l'Ile-de-France aura néanmoins diminué son offre de soins médicaux (elle compte aujourd'hui 415 médecins pour 100 000 Franciliens). Le Centre (densité actuelle de 265), qui devra soigner en 2020 ses habitants avec seulement 190 médecins pour 100 000 d'entre eux, fera figure de grand perdant.
En 2020, c'est en PACA et en région parisienne que les médecins seront les plus âgés (respectivement 50,2 et 50,1 ans en moyenne) tandis que les plus jeunes seront concentrés en Auvergne et en Champagne-Ardenne (47,7 ans d'âge moyen). A part l'Ile-de-France, atypique avec un taux de féminisation de 56 %, les régions qui accueilleront la plus grande proportion de femmes dans les rangs de la profession médicale seront en 2020 la Bretagne (51,5 %), l'Auvergne (51,3 %) et PACA (51 %).

(1) Daniel Sicart, « Projections médecins 2002-2020 », Document de travail de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) n° 30, février 2002.

Karine PIGANEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7088