UN PRISONNIER évanoui après avoir été battu et un membre du personnel médical qui le ranime pour que l'interrogatoire puisse reprendre ; un médecin qui laisse un militaire sans formation médicale recoudre les lacérations sur un prisonnier causées par les coups ; un membre du personnel médical qui pose un goutte-à-goutte sur un cadavre pour faire croire que le prisonnier est arrivé vivant à l'hôpital ; des certificats de décès falsifiés en grand nombre, comme celui du général irakien Mowhoush, mort, selon le certificat, de causes naturelles, après que les tortionnaires lui eurent mis la tête dans un sac de couchage et se furent assis sur sa poitrine. Tels sont quelques-uns des exemples que cite le Pr Steven H. Miles (University of Minnesota) dans l'article publié par « The Lancet » (21 août) sur le rôle du personnel médical à Abou Ghraib.
Ce professeur d'éthique médicale a étudié l'ensemble des rapports officiels disponibles au sujet des traitements infligés aux détenus incarcérés dans la célèbre prison irakienne et les manquements commis par le personnel médical en regard de la Convention de Genève.
Citant des témoignages de soldats et de prisonniers qui s'exprimaient sous serment, il évoque les diverses formes de participation des médecins aux mauvais traitements : « Des membres du personnel médical examinaient les patients avant les interrogatoires, étaient présents pendant ceux-ci et ont permis aux interrogateurs d'utiliser les informations médicales sur les prisonniers pour mettre au point des techniques d'interrogatoires comportant des tortures physiques ou psychologiques. »
Des médecins auraient également « falsifié les dossiers médicaux et les certificats de décès pour dissimuler les tortures et ne fournissaient pas aux blessés les soins nécessaires ».
Assurant que cet article dépeint « un tableau inexact des tâches fournies par le personnel médical et de ses obligations », le Pentagone qualifie ces accusations de « très graves et très offensantes ».
« Bien que l'enquête ne soit pas terminée, nous n'avons aucune preuve sur le fait que le personnel médical ait collaboré à des comportements d'abus chez des gardes ou des personnes chargées des interrogatoires, ou ait couvert de tels comportements », a déclaré le colonel Ellen Krenke, porte-parole du département de la Défense. Et il a promis « une enquête complète et juste » sur l'affaire.
Sans attendre, la revue, dans un éditorial cinglant, en appelle aux professionnels de santé qui ont été témoins des faits, à Abou Ghraib comme à Guantanamo Bay, pour qu'ils « rompent leur silence, protestent bruyamment et refusent de coopérer avec les autorités » : « Abou Ghraib doit servir de réveil de la onzième heure pour que l'ensemble du monde occidental redécouvre et mette en pratique les principes inscrits dans les traités internationaux ».
Un article accusateur du « Lancet »
Des médecins militaires complices de tortionnaires ?
Publié le 25/08/2004
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7579
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