« Jamais les effectifs des médecins en activité n'ont été aussi nombreux : en 2004, il y avait 205 864 médecins en activité en métropole, 210 203 avec les DOM (départements d'outre-mer) et 212 279 en y ajoutant les TOM (territoires d'outre-mer). » Ainsi commence le dernier état des lieux de la démographie médicale française pour l'année 2004, publié par l'Ordre des médecins. On y apprend notamment que, parmi les 205 864 médecins métropolitains en activité, on recense 110 636 médecins libéraux, dont 82,7 % de libéraux exclusifs ; 77 994 salariés exclusifs, dont 66,7 % d'hospitaliers ; 1 613 médecins ayant d'autres activités, salariées ou libérales ; 6 362 médecins sans exercice déclaré et 9 259 médecins remplaçants.
Pourtant, indique le Cnom, « les insuffisances manifestes signalées depuis au moins dix ans par l'Ordre sont toujours présentes, ce qui démontre bien que les mesures déjà prises sont insuffisantes ». Car, pour prendre l'exemple des omnipraticiens, s'ils sont 104 556 à avoir été inscrits au tableau de l'Ordre pour l'année 2004, seulement 56 633 ont un exercice libéral exclusif, et 6 242 ont une activité mixte libérale et salariée. 29 235 omnipraticiens ont, en outre, une activité uniquement salariée, 11 139 autres ont « une activité imprécise », selon la formule du Cnom, et 1 257 ont des activités diverses hors de la médecine générale. Si bien que, au total, il y a plus de 30 % de médecins généralistes qui n'exercent pas en secteur libéral.
Autre enseignement de l'étude du Cnom : « Le vieillissement du corps médical s'accentue progressivement. » L'âge moyen des médecins en activité est de 47,9 ans (45,7 ans pour les femmes et 49,2 ans pour les hommes, respectivement), alors qu'il était de 47,4 ans (45,3 pour les femmes et 48,8 pour les hommes). Mais, pour le Cnom, « moins que le vieillissement du corps médical, ce qui est grave, c'est sa cause : la grande insuffisance en jeunes médecins liée au fait que leur recrutement est trop faible ». Si bien que le Cnom insiste pour que le numerus clausus soit relevé « pendant plusieurs années à plus de 8 000 ». Les effets de ce relèvement du numerus clausus ne se feront pas sentir avant 2017, à cause de la durée des études médicales.
Inégalités géographiques.
La féminisation de la profession de médecin s'accentue également. En 2004, 54 % des médecins de moins de 35 ans étaient des femmes, et, sur le total des médecins en activité, 79 828 étaient des femmes et 126 036 des hommes, soit 38,8 % de femmes. Pour inscrire ces chiffres dans une perspective, il convient d'ajouter que, en 2002, selon les chiffres de l'Education nationale, 64 % des étudiants en première année de médecine étaient des femmes.
Quant à la répartition géographique des médecins, « elle est toujours imparfaite », indique le Cnom.
La densité métropolitaine en 2004, calculée sur la base de la population française au 1er janvier 2005, est de 318 toutes spécialités confondues (156 pour les médecins généralistes et 162 pour les médecins spécialistes). Les régions les moins dotées en médecins sont la Picardie (244) et la Haute-Normandie (254). L'Ile-de-France et la région Paca sont les mieux dotées (397 et 385, respectivement). A noter la situation tout à fait particulière de la ville de Paris, qui a une densité médicale de 794. Le contraste entre le Sud pléthorique en médecins et les régions du centre, où la pénurie se fait sentir, n'a pas été atténué.
Enfin, les effectifs de certaines spécialités médicales se renforcent : chirurgie pédiatrique (+ 115,6 %), chirurgie urologique (+ 77,2 %), chirurgie digestive (+ 47,9 %) ou chirurgie thoracique et cardio-vasculaire (+ 25,2 %). Mais d'autres spécialités perdent des effectifs, comme la neuropsychiatrie (- 17,3 %).
Pour le Cnom, outre le relèvement du numerus clausus à 8 000, il faut mettre en place des mesures incitatives, qu'elles soient économiques ou administratives, mais « elles apparaissent trop lentement ».
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